Baie de Fort-de-France et ses fortifications
La baie de Fort-de-France, une des plus grandes au monde (paradoxalement pour un territoire martiniquais si petit !) s’étale de la Pointe des Nègres (Schoelcher) au Cap Salomon (Anses d’Arlet).
C’est en 1625 que les troupes françaises s’implantent dans les Antilles, alors que le rattachement de la Martinique au domaine royal est définitif en 1674.
Les Kalinagos, population autochtone, furent les premiers résistants à cette occupation qui avait déjà commencé par l’exploration des terres appelées alors « Nouveau Monde », deux siècles auparavant (aux environs de 1492).
Définitif est une façon intempestive de raccourcir et d’amputer l’histoire des Petites Antilles car les coups de semonce furent si nombreux dans cette baie…
En effet, la large reculée (autrefois Cul-de-Sac-Royal) offrait la possibilité de défendre le port du carénage sans commune mesure.
Les tirs croisés étaient alors aisés pour repousser tout ennemi espagnol, anglais comme hollandais.
C’est ainsi que plusieurs siècles de guerre se déroulèrent en ces lieux pour des européens qui élargissaient leurs combats jusqu’aux territoires les plus lointains.
Et par un passé plus proche… 350 tonnes de lingots d’or séjourneront à Fort Desaix (1940 à 1946), objectivant la place importante de la Martinique dans le plan de défense de la France.
Géographie et stratégies guerrières
La géographie rocheuse avec ses côtes sillonnées, comme la presqu’île de Fort-Royal (actuel Fort Saint-Louis) décidèrent les conquérants de s’installer sur ce vaste territoire protégé naturellement, délaissant progressivement la ville de Saint-Pierre plus accessible à la marine étrangère. L’ingénieur du Roi, François Blondel, aura cette mission de commencer les travaux de fortifications en 1667, sous la houlette de Colbert arrivé au ministère.
Aujourd’hui on peut encore observer les nombreux points stratégiques qui scellèrent les destins de tant de personnes, dans le sang pour la plupart. A pied ou sur les flots, le vent murmure encore ce passé… rappelé par la présence militaire jusqu’à ce jour.
Retour sur nos pas…
Depuis le parcours de santé Espérance aux Trois-îlets, une heure de marche nous permet de regagner la Pointe du Bout.
Balade agréable sans difficulté notable, la forêt sèche offre quelques essences (Campêcher, Ti baum, Mapou…) et ombrages pour une bonne mise en jambes.
A un croisement de chemins, prendre à droite vers l’Anse Mitan (à gauche, l’Anse Marette) : soyez vigilant, pas de panneau indicateur !
Chemin faisant, on découvre une des fortifications de la baie de Fort-de-France, finalisé en 1900 : le Fort d’Alet.
Laissé à l’abandon, le béton armé résiste au temps et domine la rive sud de la baie du haut de ses 110 mètres.
Les mortiers en place avaient alors une portée de tir de 8000 m. Les batteries éloignées de 500 m disposaient de deux soutes à munitions desservies par voie ferrée.
L’ approvisionnement se faisait alors par barges au travers de la baie. Les citernes sont encore visibles, réserve d’eau indispensable pour la survie de chacun.
De la Pointe du Bout à Ilet-à-Ramiers
Le fortin de la Pointe du Bout (édifié milieu du XIXe) est cette avancée en mer idéale pour protéger la baie ; il se regagne par le littoral de l’Anse Mitan où le bain est des plus appréciés !
La bâtisse se trouve sur l’ancien emplacement de l’hôtel Le Méridien et sera réhabilitée dans les années à venir dans un projet hôtelier d’envergure. Patrimoine architectural militaire, les stigmates des combats sont encore bien présents et avalisés par les taggueurs du moment.
Point de défense abandonné puis réarmé temporairement pendant le Seconde Guerre Mondiale en appui aux Fort Saint-Louis, Tartenson et Desaix, base triangulaire qui lui fait face.
Sur les flancs de la pointe se situent deux canons en acier datant respectivement de 1892 et 1893.
De la marina des Trois-îlets, une sortie en mer permet de chevaucher les vagues à la recherche des traces guerrières …
La Pointe des Nègres et les vestiges de sa batterie, l’Ilet-à-Ramiers et son fort exceptionnel par sa position et son histoire nous entrainent dans les méandres historiques.
Seule l’association Karisko permet la visite de ce petit volcan stratégique, situé en face de l’Anse Bellay (haut lieu de mémoire).
Fiche pratique « Baie de Fort-de-France »
- Randonnée « Fort d’Alet »
Laisser l’entrée du Golf des Trois-îlets ; continuer vers l’Anse à l’Ane, après un grand virage et fin d’une montée, se garer sur le parking du parcours de santé Espérance.
Prendre alors les escaliers (à gauche) pour débuter la marche, accéder au terrain militaire et découvrir à gauche les ruines du Fort d’Alet. Se promener alors dans les ruines jusqu’au point de vue…
- Randonnée « Fort de la Pointe du Bout »
Puis après le parcours du sentier, arrivée sur les hauteurs des Trois-îlets, descendre vers la Pointe du bout et aller jusqu’au fortin du même nom (traverser le village) ; Ensuite regagner la marina où un bateau peut vous faire découvrir la baie de Fort-de-France (Pointe des nègres jusqu’à l’Ilet-à-Ramiers en revenant par l’Anse Bellay).
- Visite maritime de la Baie
Cette sortie du jour a été orchestrée par l’association Randonnéesansfrontière et enrichie par les commentaires de Serge Pain, historien. La sortie maritime (de la Pointe du Bout à l’Anse à l’Ane) s’est effectuée avec Faustin et Ykéva qui propose également des circuits thématiques.
Ces 3 tronçons peuvent se décliner séparément mais les enchainer embellit la découverte de la journée ; il faut juste penser à déposer une deuxième voiture à l’Anse à Ane pour le retour jusqu’au parking… à moins d’être motivés et prendre la route à pied (environ 1,7 km) !
Schémas et compléments d’informations issus de l’article Un exemple de la défense de l’empire colonial Fort-de-France du 17ème au 20ème siècle.
Belle promenade découverte.
Merci Valérie, que la promenade soit belle !
Article agréable à lire comme d’habitude.
Je connais la randonnée « Fort de la Pointe du Bout ».
Une belle vue sur les Trois Ilets.
Oui Jacqueline, la vue est très jolie ; la balade du « Fort Alet » est à mettre au programme alors ?
Je ne connaissais pas le fort d’Alet et ses ruines. Surprenant tous ces fortins sur la côte!
En effet, la visite des murs et ruines nous font basculer dans une histoire houleuse et pas si lointaine…
A bientôt Harold
Oui les murs peuvent conter tellement de choses…
En effet, Chabine… tellement d’histoires entre et sur les murs…
Toujours aussi passionnant! Merci! ;-))
Merci ! Touchée mais pas coulée ! Lol
Des nouvelles de nos amis canadiens font plaisir ! 🙂
Un très beau parcours en effet que j’ai eu l’occasion de découvrir. As tu pu ramener une douille ?
Toutes mes félicitations, du beau travail comme tu sais si bien le faire.
Non pas de douilles Marie, je ne les ai pas cherchées non plus…
Merci beaucoup pour les compliments et le soutien !
Belle route à toi
MAGNIFIQUE !
Merci JC, un grand magnifique dès le matin, wouah ! 😉
👍🏻
Merci Ben, bonne semaine à toi !
Cet article parle d’une guerre et d’un voyage. C’est très intéressant : l’ article remémore la découverte de la Martinique… Merci pour le partage.
Merci Micheline… quelques souvenirs en effet… avec des marques indélébiles parfois ; les murs nous chuchotent tout ce voyage c’est vrai. Belle route à vous !
Merci, quel travail magnifique ! J’en apprends chaque fois. Chacune de vos publications est une aventure. Encore merci, bonne continuation.
Merci Pauline ! Réel plaisir de te lire et ce soutien affiché va nous porter pour continuer alors. 😉
Merci pour cette belle promenade !
Super si la balade a été belle !
a bientôt
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