Les charbonnières, une vie à quai
La vie de charbonnière a fleuri avec les paquebots « Antilles » et « Flandre » qui furent mis à l’eau avant la première guerre mondiale. La voile disparaissait progressivement du port de Fort-de-France pour être suppléer par des cargos ; ceux-ci assureront la traversée transatlantique pour l’exportation du rhum et du sucre en particulier.
C’est ainsi que les charbonnières se sont retrouvées à ravitailler en charbon les soutes des navires à vapeur de la toute nouvelle Compagnie Générale Transatlantique fondée en 1861.
Compagnie Générale Transatlantique (CGT)
Les liaisons transatlantiques entre Saint-Nazaire et les Antilles ont été assurées par le « Louisiane » premier paquebot de la CGT. Cette compagnie signa en 1867 sa première convention avec la Martinique, seule île à avoir un port en eau profonde.
Egalement la rade de Fort-de-France, donne cette protection idéale avec sa large baie. Nommée, baie des flamands, en rapport avec l’exil de juifs hollandais. Le quasi-monopole pour le transport maritime était assuré par cette compagnie qui a d’ailleurs métamorphosé les quais de la capitale.
Le rond-point des charbonnières
Une véritable procession de charbonnières (ainsi appelées car majoritaires), portant sur la tête le panier dédié, permettait l’embarquement du charbon à bord d’un transatlantique.
Tenue noire et chapeau de paille, à larges bords, ces femmes se courbaient à la tâche pour 30 000 tonnes de marchandises et 100 000 tonnes de charbon par an. Et 25 à 50 kg de charbon portés quelles que soient la saison et les intempéries.
Pour leur rendre hommage, la ville de Fort-de-France a déposé une plaque commémorative le 25 mars 2017 au giratoire à l’entrée du port. Toto Bissainthe, Solitude, Suzanne roussi, Solange Fitte-Duval, Sophie Lumina… pour ne citer que quelques noms.
Cette dernière, couturière surnommée Surprise, est l’une des héroïnes de la Grande Insurrection du Sud en septembre 1870. Considérée comme la flamme de la révolte, elle sera condamnée aux travaux forcés à perpétuité. Elle mourra à 31 ans en Guyane. Une stèle la représente à Rivière-Pilote.
Haute de 105 mètres de haut, la tour Lumina (la plus haute des Petites Antilles), porte son nom. Aujourd’hui elle inonde de lumière la Baie de Fort-de-France… une des plus belles au monde !
Une puissante politique sociale
On comptait 350 femmes pour 100 hommes dans l’exercice de ces travaux. Salaire maigre et besogne pénible, nécessitaient une organisation « fer de lance » ; d’ailleurs dès la fin du 19ème siècle, les réunions syndicales (issues de leur corporation) s’amorçaient et auraient hâté la grève de 1925.
Puis la Seconde Guerre Mondiale portait un coup d’arrêt au commerce, relayé par l’apparition du transport aérien. Aussi les « bananiers » et plus tard les porte-conteneurs, avec la mécanisation progressive firent disparaitre ce métier.
Les charbonnières ont inscrit ainsi tout un pan social de la Martinique en oeuvrant à la construction de quartiers de Fort de France… et plus largement en aidant la classe ouvrière.
Cette corporation de “charbonniers et de charbonnières” sera parmi les plus prospères de la Martinique et agira pour les mères sans emplois et les personnes âgées.
Un combat féministe à la clef
Des pionnières pour les droits des femmes, qui se sont regroupées en association pour assurer une entraide financière. Les charbonnières, les amarreuses de canne, les couturières, l’élite naissante féministe ont alors lutté pour une égalité avec leurs homologues.
Comme en Europe, les femmes martiniquaises revendiquaient le droit d’élire leurs représentants et d’être éligibles. C’est en 1919, en pleine campagne électorale, que le député Joseph Lagrosillière se prononce en faveur du droit de vote pour les femmes.
Ce n’est que 26 ans plus tard que les martiniquaises exerceront leur droit de vote. Pour la première fois le 27 mai 1945, elles donneront leurs voix lors des premières élections organisées après-guerre.
Texte et photos issues du livre “Antilles d’Antan, la Martinique et la Guadeloupe au début du siècle” d’Anne et Hervé Chopin – Editions HC – 2004
Interesting.
Merci
De rien Claudie !
Très intéressant 👍
Merci Anne pour de retour !
se replonger dans l’histoire pour en apprendre sur celle de nos femmes de Martinique donne une lecture captivante
merci Carolle pour cette découverte
Super Christiane si tu as pu découvrir cette histoire riche qui engendre encore bien des idées aujourd’hui… grâce à des combats forts légitimes.
Merci, très intéressant
Merci pour cette histoire, peu connue, mais essentielle pour qui s’intéresse à l’histoire de notre ile.
Merci Odent-allet pour ce retour porteur !
Merci Jojo de l’intérêt porté !
Belle histoire racontée sobrement pour une lutte profonde….
Une lutte qui se poursuit encore de nos jours…
Bjr et mrc pour ces informations.
Super Serge si ces infos nous grandissent !
Merci pour cette page d’histoire 🤗
J’aime !
A notre tour, merci Jean-Luc !
Un grand merci avec ce partage sur les charbonnières de Martinique très intéressant.
J’ ajouterais ceci.
La Loire Atlantique une page de l’ histoire pas très glorieuse avec Nantes malheureusement qui a été le plus important port négrier de France liée à la Guadeloupe entre autre qui débuta avec l’ esclavage jusqu’ en 1831 !
Et avec Saint Nazaire une très vieille histoire qui débuta avec les Antilles il y a fort longtemps vers les années 1860 avec ses chantiers navals (et ses cargos)
Dans la publication une partie de cette page de l’ histoire avec La Martinique et ses charbonnières…
Bonne journée à vous
Merci Génilda de ses points apportés en complémentarité à l’article ; bien à vous.
Bien qu’ayant vécu en Martinique quelques années, je ne connaissais pas du tout ce pan de l’histoire martiniquaise.
Votre document est très intéressant.
Merci Mireille pour ce témoignage et l’apport de l’article.
Les charbonnières, figures emblématiques.
J’en ai souvent parlé sur le groupe. Elles ont tellement de mérites, il ne faut pas les oublier mais leur faire hommage.
Merci Caro 🍀
Eh oui, tu as raison et vrai que tu en as parlé plusieurs fois dans le groupe Madinina ti peyi mwen !
Merci pour ma culture personnelle 👍🏾😉
Avec plaisir Arnaud !
Un article passionnant, éclairant sur une partie de l’histoire ouvrière de la Martinique, de l’histoire du syndicalisme et de l’histoire des femmes….. En Martinique.
Vraiment bien.
Merci Carole.
Merci Mercator, ton côté passionné ressort également lol ; il est vrai que le germe du syndicalisme émane de cette lutte…
Merci pour ce retour .
Merci Carolle pour ton travail.
Merci à toi Yannick pour cette reconnaissance.
A bientôt
J’aime vos histoires, c’est un moyen de me connaitre, d’avoir un regard sur mon histoire, mes ancêtres et parfois on peut voir couler quelques larmes.
Il ne s’agit pas de nostalgie, mais de revivre des faits qui font de nous ce que nous sommes, ce que je suis.
D’où je viens.
Merci
Merci à toi Danielle pour ce témoignage qui chemine en nous… Belle route à vous.
Merci beaucoup 👏🏽👏🏽Caro pour ce point d’histoire très intéressant 👌🏽👌🏽
Avec plaisir Niquie et contente que l’histoire soit partagée.
A bientôt
Merci Carolle pour le partage de l’extrait de ce livre que je ne connaissais pas (et le sujet non plus d’ailleurs). Ça donne envie de lire le reste. À mettre sur la liste alors…
Top si cela donne envie… Si familyevasion peut amorcer des chemins, c’est parfait ! 😉
J’adore cet article !
Il parle des bateaux qui transportaient du charbon et des dames qui travaillaient dans le charbon.
Bonjour Romarick, je te remercie pour ton retour !
Eh oui, une histoire qui est à connaitre et qui explique ce dur métier mais aussi le combat pour l’égalité des droits.
A bientôt et prends soin de toi.
Ah oui la lecture de ce paragraphe m’a replongé dans les souvenirs que me racontaient mes parents….
Le bateau Antilles a d’ailleurs brûlé…
Charbonnier et charbonnière, des métiers de dur labeur…
Merci Micheline pour ce partage qui remonte à l’enfance… Je ne savais pas pour l’incendie du bateau, peut-être un autre article alors !
A bientôt
Merci pour ce retour d’un pan d’histoire instructif. Je suis toujours autant étonné par la richesse des articles de ce blog… Continuez à nous surprendre… 🙂
Merci Harold, Touchée par ton soutien ! 😉
Merci pour ce bel hommage aux femmes
Un combat qui continue
C’est vrai Natacha, cela continue et dans le monde entier ; avec tant de différences entre les pays, mais un combat réel et de chaque instant.