Habitation Gaigneron et quelques dates
L’ Habitation Gaigneron doit son nom aux membres de la famille qui se sont très tôt implantés au Lamentin ; en effet Jean Gaigneron La Guillotière, un écuyer d’Indre-et-Loire fait partie d’une des toutes premières vagues de colons qui débarquent à la Martinique.
En 1700, la famille Jolimont – Gaigneron hérite de l’Habitation, qui est pour l’heure, un endroit infesté de moustiques ; cela lui confère le surnom de trou « maringouins » en métaphore de l’insecte des mangroves.
Les turbulences de l’histoire se succèdent avec les affres des différents propriétaires au gré des difficultés financières voire des faillites. Le Baron de Lareinty, ancien sénateur, cède le bien à une société par action en 1896. Fernand Clerc et Gabriel Hayot sont alors les deux plus gros actionnaires ; en 1925 Berthe Hayot se marie à Eugène Aubery et ont majoritairement accès à la propriété.
L’ usine sucrière fermera définitivement en 1981.
Les traces de l’ancienne sucrerie
La maison du maître s’édifiait alors à Carrère (actuellement où se trouve la Ferme Perrine) ; l’usine Lareinty, comme on l’appelait, possédait alors 3 habitations du nom de Place d’Armes, Petit Morne, Poterie.
Il s’agissait de la partie agricole (1400 hectares) où le sucre et le rhum suivaient le rythme des récoltes de la canne.
Celle-ci était acheminée par des petits trains (ou locotracteurs), dont les wagons sont visibles depuis la route et rappellent que la Martinique avait plus de 300 km de rails à la fin du 19ème siècle (dont 37,5 au Lamentin).
Ceux -ci avaient un écartement de 1,28 m … rappelez-vous bien différent de celui de Sainte-Marie !
L’industrialisation sucrière et l’air de la vapeur
En 1860, le gouvernement donna de l’argent pour le crédit foncier créé par le Baron Lareinty à destination uniquement agricole. Trois années plus tard, le crédit foncier colonial permettait alors le soutien des usines. Ceci a permis l’extension des domaines et la modernisation des sites et plantations.
Dans ce contexte politique, la 3ème machine à vapeur est apparue en 1862 à l’Habitation Gaigneron sous la houlette de Emile Bougenot. Gadzarts, cet homme issu de l’« École nationale supérieure d’Arts et Métiers » participa au développement de l’industrialisation sucrière et épousa la fille unique d’Eugène Eustache, propriétaire alors de la sucrerie du Galion.
La résidence « Pavillon Bougenot » du riche industriel est encore visible à Fort-de-France, rue Victor Sévère, rappelant les notes architecturales de l’époque.
Les deux premières usines à vapeur, rappelons-le, avaient vu le jour en 1820 à Rivière – Salée (Habitation Maupeou) puis en 1845 à la Pointe Simon à Fort-de-France, construite alors par John Thorp, industriel Britannique installé à la Martinique.
Une rue Cases-nègres
Une barrière automatique aujourd’hui délimite ce lieu… Mais quelques pas sont possibles, avec le respect qu’il s’y doit.
Un splendide parc d’immenses tamariniers et un non moins majestueux zamana, autre nom de l’arbre à pluie magnifient l’endroit.
Des cases alignées pourraient faire penser à une rue Case-nègre, ancien quartier des esclaves. Mais il n’en est rien… ce sont d’anciennes cases de travailleurs de champs de canne. Quelques-unes sont habitées de façon permanente, sinon des saisonniers y séjournent.
Construites entre les deux guerres, une vingtaine de maisonnettes sont regroupées face à l’allée centrale.
Terre battue, gaulette, planche, torchis, tôle… l’évolution a peaufiné les murs jusqu’au ciment d’aujourd’hui.
6,30 m sur 4,40 m représente leur surface, sauf la plus centrale reconnaissable avec ses trois portes… celle de l’économe ou du commandeur ?
Une terre d’or… qu’on appelle argile !
C’est comme cela que nomme Dody, l’argile de bonne qualité, celle qui ne se fendille pas !
Il me rappelle ainsi que l’ilet de Morne Cabri appartenait au domaine de Lareinty. En plus du port de Cohé, il y avait une poterie dont les ruines témoignent encore du passé. Le port servait de plate-forme pour charger le sucre sur les chalands ou gabarres tirés par une pétrolette jusqu’à la compagnie maritime de Fort-de-France.
Quant à la poterie, des briquettes, fort utiles en ces temps, servaient de soliveaux pour consolider le bas des maisons, ou étaient utilisées en support des générateurs des usines pour entourer les chaudières.
Dody me précise même la taille des briquettes… 10 x 5 x 20 cm… Il n’y a pas de secret pour cet ancien entrepreneur !
Interview de Ludovic Louri, surnommé Dody.
Fiche pratique Habitation Gaigneron
Gaigneron, D3 97232 Le Lamentin, entre l’aéroport et le bourg du Lamentin
Pas de visite guidée, propriété privée.
Et lieu privilégié de diverses manifestations sportives, dont la prochaine organisée par le Madinina Bikers !
Passionnant et très instructif merci !
Merci Nicole, heureux (se) que l’article te plaise, bonne route sur le web !
Moi qui pensais connaître ce lieu, je me rends compte qu’il me manquait pas mal de données!
Je retiens, entre autres, que pour découvrir ce lieu, il faut participer au cross duathlon du Madinina bikers le 3 juillet ! 😉
Merci Carolle
Coucou Clara, tu me rappelles les entrainements que je faisais sur ces terres pour le Raid des alizés… Maintenant je regarde cette habitation différemment avec les éléments transmis par Dody ; Et tu as raison, quoi de mieux que de s’inscrire au duathlon pour connaitre la campagne lamentinoise ! 😉
Merci pour ce pan de l’histoire !
Avec plaisir Mirette, Dody étant un passionné, cela devient plus aisé…
A bientôt
Dire qu’on y passe si souvent, et qu’à ce jour j’ignorais l’historique de ce lieu…
Merci Carolle pour cette page culturelle.
Contente de te lire Marie !
Et merci pour ce retour 😉
Article intéressant.
Les petites maisonnées font penser à des cases en effet. En tous les cas, elles montrent bien le travail des ouvriers dans la canne et sans aucun doute la labeur de la tâche.
Merci Carolle.
Merci Mercator, ce qui est incroyable c’est qu’une femme de plus de 80 ans y habite encore, toute heureuse de transmettre oralement cette époque, un réel plaisir de l’écouter !
Bel article agréable à lire comme les précédents ; beau clin d’œil au prochain duathlon.
Merci Carolle
Merci Teddy, en effet le duathlon s’est inscrit dans cet article par le hasard des dates ; mais un réel plaisir d’intégrer la photo de la manifestation après les brefs rappels historiques.
Article très riche et bien documenté 👍🏾
Bravo Carole👏🏾👏🏾👏🏾
Merci Sandrine pour ce retour plein d’encouragements ; à bientôt et bonne route
Derrière des portes, des briques, se cachent des vies qui ensemble font une histoire qui s’intègre dans l’HISTOIRE. Merci
Oui Harold… le temps passe, mais les murs restent avec leurs chuchotements, ravivés par les anciens qui savent ; un honneur que de leur donner la parole.
Merci pour ce bel article, as usual ! Mes grands-parents ont vecu dans les cases des travailleurs à leur arrivée au Lamentin.
Je ne savais pas que les ruines du Morne Cabri étaient celles d’une poterie.
A bientot!
Merci Jessica pour ce retour et ce témoignage ; Poterie et sucrerie avec encore des vestiges de four à chaux visibles, abordé dans cet article intitulé Morne Cabri https://familyevasion.com/morne-cabri ; c’était alors un haut lieu de fréquentations avec des départs en gabares pour le port de Fort-de-France.
A bientôt !
Une émission télévision s’appellent “Des trains pas comme les autres”. Sur France 5, l’animateur voyage en train… C’était en Amérique Latine, l’objectif était de connaitre une culture, un pays, une géographie, par une voie ferrée. J’ai trouvé cela bien… merci de nous faire partager tout cela !
Merci Danielle pour cette comparaison et ce rappel !
Plaisir de découvrir et de partager également… 😉
A bientôt
Merci pour cet article!
J’y vais tous les jeudis soirs avec mon groupe de marche nordique car le lieu se prête bien à une pratique technique.
Nous nous sommes souvent posés des questions sur son histoire. Nous voilà informés… 🤗
Merci Maddy, plaisir de te lire et de ce retour ! Le blog est réalisé pour cela… apporter quelques informations pour partager le chemin d’avancer ensemble ; et super que la pratique de la marche nordique permette aussi cela et bien d’autres éléments positifs.
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