Rails du monopole
Les rails étaient force de commerce à l’époque où la canne à sucre était à son apogée d’exportation. Ceux-ci reliaient par 300 km de voie ferrée les exploitations aux différentes usines centrales (entendez par là unité de transformation) puis aux ports.
Essentiellement au sud et au centre de la Martinique, le relief du Nord imposant trop de contraintes géographiques, les réseaux étaient moins importants.
Ces rails avaient un écartement précis et différent pour chaque usine. 1170 cm pour 22,5 km sur la commune de Sainte-Marie !
Cette stratégie évitait la fuite des planteurs aux plus offrants et dictait une exclusivité d’un bassin de canne vers l’usine. En tout, 21 lignes de voies ferrées sur le territoire martiniquais !
Usine et habitations, une économie fragile
A l’heure de la révolution industrielle, la restructuration a donc été nécessaire et bon nombre d’unités sucrières ont dû fermer. Pour autant les plus petites habitations se sont regroupées en un domaine plus grand et plus influent pour faire face aux aléas des marchés. L’arrivée de la betterave, succédané de la canne, ayant été un véritable frein à la pérennisation des petites exploitations.
La commune de Sainte-Marie a vu ainsi son paysage rural se modifier. L’usine centrale nait en 1872 au niveau de l’habitation Saint-James alors qu’une quinzaine d’habitations se regroupent pour résister aux lobbys internationaux.
La construction de la voie ferrée pour optimiser le délai du transport de la canne à sucre est alors une évidence et mènera jusqu’au port d’embarquement à l’îlet Sainte-Marie.
Main d’œuvre indienne
La main d’œuvre était multiple et spécifique d’un poste bien défini : du coupeur de canne… au machiniste… en passant par l’arrimeur au muletier pour ne citer quelques métiers.
Les indiens – dans un contexte politique tendu post-esclavagiste – sont arrivés dans la deuxième moitié du XIXème siècle, dans ces exploitations sucrières pour travailler, alors que la main d’œuvre locale se faisait rare.
Aujourd’hui encore leur présence est omniprésente au Quartier Fourniols où les habitants de la rue Case-Jules viennent d’inaugurer une fresque nommée « les premiers arrivants » décrivant leur périple.
Train des plantations
Ainsi apparaissent les premières locomotives à vapeur remplacées progressivement par des locotracteurs Davenport.
On peut d’ailleurs en admirer les silhouettes mécaniques à la distillerie Saint-James, les passionnés des « Rails de la canne à sucre » ayant eu raison de la dégradation liée à l’écoulement des années.
La locomotive, chargée de boucauts de sucre, s’arrêtait alors au débarcadère du Tombolo de Sainte-Marie pour rejoindre l’ilet. Un truck était alors acheminé tiré par les hommes ou des muletiers… ce qui explique de nos jours la grande célébration du 15 août à Sainte-Marie.
En souvenir des aînés, des courses de chevaux sont perpétuées depuis cette époque comme une tradition !
Alors c’est notre prochain rendez-vous ?
Fiche pratique des rails de Sainte-Marie
Association « les rails de la canne à sucre »
Distillerie Saint-James – Plantation Saint James – Plaine de l’Union – 97230 Sainte-Marie
Interview de Luc Lerandy, auteur de l’article « réseau de chemin de fer de Sainte-Marie et de Fonds Saint-Jacques »
Merci à Dody pour les deux superbes photos (non signées familyevasion).
Très enrichissant. Cette “Bataille du rail” révèle l’impact sociologique et économique du territoire. A quand un circuit touristique ou éducatif de la région dans une ancienne locomotive?
Merci ce retour, c’est en attente de qq mètres de rails supplémentaires… pour un parcours en boucle avec la traversée de la route pour rentrer au musée de la banane. Donc dans cet espoir…
Merci pour ce superbe reportage qui nous eclaire déjà par rapport à l’histoire des rails que nous découvrirons à la future randonnée de St Marie
Merci Christiane pour la diffusion de cet article aux randonneurs RSF… qu’ils apprécieront je l’espère… sensibilisés pour la future rando !
Le musée de la banane n’est pas loin…
En effet… également une visite à programmer dans le même secteur. Merci
Encore merci Caro pour cet épisode très intéressant.
Les coupeurs de canne ont bien du mérite 👏🏼👏🏼
Merci à toi Chabine… vrai que du mérite. La pénibilité étant bien présente.
Instructif…et Surprenant cette notion d’écart specifique des rails en fonction des usines centrales. Un modèle économique pour éviter la concurrence!?
Exactement Valérie, ainsi le monopole était assuré… impossible d’aller vendre ailleurs car le transport était lié à l’écartement des rails autour de l’habitation centrale.
Merci pour l’intérêt porté à l’article !
Merci pour cet article Carole !
Avec plaisir, bonne lecture.
Merci magnifique 😍
Super si cela te plait Maya !
MERCI BEAUCOUP !
A toi pour ton suivi ! 😉
Très intéressant !
Merci
Super, cela nous encourage à continuer ! 😉
👍🏽Merci pour ce partage très instructif 😃
De rien, Marie-Annette, plaisir de te lire ! 😉
Impossible de visiter la sucrerie.
À 3 reprises nous y sommes allés…
Nous étions à la Distillerie et on nous avait signalé la sucrerie, juste à côté ; nous avons suivi la signalisation et cela était fermé. Nous étions plusieurs à faire demi-tour.
Quel dommage !
oui en effet, la sucrerie n’est pas ouverte au public actuellement après une longue réhabilitation… d’ailleurs, je n’ai pris en photo que le panneau pour alimenter l’article à ce sujet…
Dès qu’elle sera ouverte, j’espère en faire un article pour le blog familyevasion ; à bientot et merci pour cette précision.
Dur travail malgré cette once de modernisation grâce au chemin de fer.
Merci pour ce rappel, on y retournera pour une visite, on fera connaître aux petits enfants.
Les petits enfants seront très intéressés… et le musée de la banane peut compléter la journée… on peut même se sustenter à proximité, de quoi réaliser une “pleine” journée !
A bientôt Nickie
Merci pour l’histoire des rails à Sainte Marie.
Il y a un mois j’étais dans cette commune, je ne suis pas restée longtemps et je n’ai pu rien visiter.
Les thèmes que vous proposez sont toujours aussi riches et parlants.
Encore Merci.
Merci Danielle pour l’appréciation, la prochaine visite à Sainte-Marie sera peut être plus longue et donc vouée à la visite … ?
Souvenir, souvenir …
Cela me renvoie à mon enfance, et je me demande ce qu’est devenue la voie ferrée que nous traversions pour aller chez ma tante ???
Belles photos Carolle !
Merci pour l’appréciation des photos… venue d’une photographe, cela fait plaisir !
Et si tu allais voir ? cette ancienne voie ferrée… à moins de te rapprocher de l’association nommée dans l’article, elle le sait peut être… tiens-nous au courant !
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