Basse-Pointe, une découverte sans précédent
A Basse-Pointe, pas loin de l’Hôtel de ville, une découverte hors du commun a eu lieu par des marcheurs en plein sentier longeant un champ de canne à sucre. Des fragments de poteries amérindiennes ont en effet été déterrés et sont actuellement exposés à la mairie.
Ainsi, au quartier Gradis, un site amérindien a été mis au jour depuis cette extraordinaire trouvaille.
Matthieu Ecrabet, l’archéologue de CAP Nord, m’a alors accueilli en me montrant toutes ces richesses datant de 1600 ans et plus.
Des fouilles archéologiques débutent… et sont très prometteuses.
L’éruption de la Pelée, la migration des peuples
Au 4ème siècle après JC, la Pelée a envoyé des ponces et de la cendre sur cette zone d’enfouissement.
Différentes couches dans la terre sont alors bien visibles par des stratifications de colorations distinctes.
Enzo, étudiant archéologue, me montre l’ensemble des travaux avec beaucoup d’enthousiasme et de détails.
Une couche de cendre, émise lors d’une nuée ardente, a permis de préserver les objets tels des adornos…Figurines, où se combinent plusieurs représentations animales, aviformes ou autres (crapauds…).
Aussi de 0 à 350 ans, une 1ère période a été définie et après 400 ans une seconde période a été authentifiée par des céramiques différentes.
La population a certainement migré sur l’île de la Dominique ou vers la côte Caraïbe et le sud de la Martinique s’éloignant de la zone meurtrière ; ils ont ramassé lors de leurs nombreux déplacements à la Caravelle des morceaux de jaspe, se trouvant uniquement sur ces lieux.
Ce précieux matériel servira alors de grage pour le manioc ou pour la confection d’outils pour tailler.
Des poteries finement décorées
Pendant 2 semaines, 9 sondages ont permis de découvrir dans la couche de ponce blanchâtre des débris de mobiliers. De façon caractéristique, la couleur rouge est encore intacte sur les pièces. Mais le noir et le blanc complètent la palette des couleurs.
Les techniques de la céramique permettent de dater les époques car elles diffèrent selon les siècles : la peinture en elle-même, un décor hachuré, des incisions géométriques faites sur des céramiques fraiches ou des gravures sur un objet cuit. Les zones sont alors remplies de croisillons ou ponctuations. Le modelage ensuite donne lieu à des figurines plus complexes.
Des meules pour céréales, des adornos anthropomorphes ou zoomorphes, des vases ont ainsi été répertoriés et regagneront prochainement le musée départemental d’archéologie précolombienne et de préhistoire de la Martinique.
Un être humain d’origine amérindienne
Un crâne a marqué aussi les esprits des archéologues… au pied d’un trou de poteau de carbet, il n’est pas sans rappeler les rituels des amérindiens. Sa tête était alors recouverte d’une céramique. Il s’agit d’un vase hamac, avec une figure de proue de l’époque saladoïde. Pour veiller sur la famille le sommet du corps reposait alors à proximité pour accompagner les vivants. Cette sépulture est un dépôt secondaire, donc il s’agit uniquement d’un crâne qui a été réenterré.
En effet, m’explique Matthieu, le sol du nord de l’île étant acide, la matière organique se désagrège facilement.
Cela reste différent de l’Anse Belay, au sud du territoire, où des ossements ont été trouvés.
Devenir des travaux de recherche à Basse-pointe
La parcelle sera à nouveau fouillée après lecture du rapport envoyé par Matthieu à l’état pour l’autorisation de nouveaux sondages. C’est bien sûr ce qu’espère toute l’équipe. Mais la révélation majeure qu’est le crâne d’un individu porte à croire que l’on ne va pas s’arrêter là ! Il s’agirait du plus vieil habitant du territoire… Un réel trésor qui n’a pas encore tout livré ses secrets !
2 mois plus tard…
Matthieu me recontacte, tout heureux !
Il vient de reconstituer une céramique de la fouille de Gradis. Cette reconstitution s’appelle le remontage, m’explique-t-il. La céramique est juste exceptionnelle et c’est le seul exemplaire complet retrouvé en Martinique et même dans la Caraïbe.
Cette céramique est une céramique masque anthropomorphe (c’est à dire aux “traits d’un homme”).
Quelques masques avaient été trouvés à des périodes moins anciennes, mais jamais associées au reste de la céramique.
Ce masque, seul exemplaire existant de ce style, rappelons-le, va permettre d’agrandir la typologie existante de la céramique saladoïde.
Extraordinaire Matthieu, merci pour ces photos à l’appui !
Petit Mémo “Archéologie”
La culture saladoïde est une culture pré-colombienne du Venezuela et des Caraïbes s’étendant de -500 à 700 apr. J. -C.
Adorno : nom (dérivé de l’espagnol) donné à un ornement modelé en relief, zoomorphe ou anthropomorphe, ajouté à un récipient pour le décorer.
Montage au colombin: technique de fabrication des poteries.
L’ensemble des travaux est coordonné par Benoît Bérard, professeur d’archéologie de l’université des Antilles.
Cool pour la ville de Basse-pointe, un petit musée à la mairie de quoi faire venir des touristes !
En effet Cédric un bel espoir pour le nord… avec Vivé également au lorrain, merci pour ce retour !
Ces découvertes extraordinaires vont donner plus de visibilité à cette partie de la Martinique.
Merci pour ce retour
Il est vrai que le Nord est moins “visible” que les plages du Sud, et pourtant… quelle richesse !
A bientot
Merci pour ce reportage
Merci Joëlle pour ce retour encourageant ; à bientôt
Excellent travail de recherches. Bravo !!!
J’ai encore appris sur l’histoire de notre pays à travers ces récits – nos communes renferment des richesses.
Il faudrait que nous fassions une escapade à Basse-Pointe.
Merci pour ce beau partage.
C’est vrai, ce trésor peut nous apprendre beaucoup sur le territoire… à suivre et bonne visite !
Merci pour l info bonne soirée a vous 👍
De rien, chop, bonne balade
Salut, je connais Enzo ☺️ c top ce qu’il fait.
Belle découverte !
En effet, extraordinaire découverte qu’Enzo m’a partagé tout autant que Matthieu… des passionnés !
Le musée précolombien de Fort-de-France est gorgé de belles choses concernant les amérindiens… C’est à visiter…je l’ai fait 2 fois…
Merci de préciser cela ; je n’ai pas encore pu visiter ce musée, mais celui (plus petit) de Rivière Pilote qui déjà est très interessant et que je recommande d’ailleurs dans un de mes précédents articles “parcours du Sud de la Martinique” ; à bientot
L’archéologue, gardien des mémoires enfouies, permet d’éclairer notre histoire sur laquelle nous pouvons batir notre avenir. Merci pour ce reportage très instructif.
Merci… oui nos mémoires enracinent notre avenir… et solidifient notre présent.
C’est super 👍
Merci Patricia, à l’origine d’ailleurs de cette rencontre; à bientot
Super de découvrir tous ces vestiges amérindiens… c’est un peuple que j’aime beaucoup et que j’apprécie de découvrir un peu plus sur eux de jour en jour…. Car ce peuple a laissé ici en Martinique plus de preuves de leur passage et de leur existence que n’importe quel autre peuple (certains noms de communes, et bien d’autres choses encore… ).
Dommage que la plupart de leurs descendants sont obligés de vivre loin… car Jouanacaera (Martinique aujourd’hui) est aussi chez eux…
Bonjour, tu as entièrement raison ; ce peuple a laissé des poteries et bien d’autres choses dans nos habitudes de tous les jours. Même dans le langage… tel le barbecue, le canari (ustensile de cuisson) ; des us de vivre qui est un héritage amérindien enchevêtré encore à beaucoup d’autres.
Merci pour ce témoignage Kiki972.
Il doit y avoir beaucoup de vestiges à découvrir, il y a une histoire du passé à trouver…
C’est sûr ; Matthieu passionné le fera au mieux pour nous enrichir de ce passé peu connu mais pourtant fondateur.
Merci Ghislaine
Au cœur de l’action !
En effet Michel, photos à l’appui ! 😉
Dommage, justement qu’on ne puisse agrandir les photos ! C’est tellement intéressant comme reportage ! Merci beaucoup à tous.
Bonjour Cathy, merci pour ce commentaire qui m’a fait recentré une des photos de Matthieu sur son travail fini du masque ; j’espère que la vision d’angle est meilleure pour toi, même si les photos nécessitent une modification de format pour le blog (diminution de la taille).
A bientôt !
Y a- t il d’autres êtres découverts en Martinique ?
Après St Pierre vers le Prêcheur, il y avait un site decouvert, genre de tombes, il y a au moins cinq 5 ans ? Près d un stade qui devait voir le jour, mais je n ai plus eu de nouvelles ?
Si vous avez entendu parler, je veux bien des nouvelles, MERCI beaucoup.
Oui il y a de nombreux sites en Martinique, et pour la période Saladoïde ancien, ils se concentrent essentiellement sur le nord Atlantique de la Martinique. La dernière fouille préventive qui a livré des vestiges très importants, est celle du bourg du Carbet en 2017. Cette fouille a livré des vestiges importants ainsi que des sépultures. Bref il y a une activité archéologique importante sur l’île, et mon devoir en tant qu’archéologue sera de diffuser au maximum les résultats scientifiques à la population.
Belle découverte !
Oui Jacqueline extraordinaire !
Coucou,
Belle découverte !
Décidément notre île ne cessera pas de m’étonner.
Merci pour ce partage de notre culture et patrimoine.
Coucou Natacha, merci pour ta fidélité et ce retour porteur ; vrai que l’île nous émerveille…
Marie
Merci Carolle de nous partager les images et les commentaires liés à cette belle découverte !
Incroyable découverte en effet, qui promet de se poursuivre dans les prochains mois !
A bientot Marie 😉
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Merci et bravo pour ce bel article !
Merci à vous pour le travail de recherches que vous faites ; bonne continuation.
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