Avant que le grain ne soit fruit d’excellence …
Avant l’explosion de fréquentations des cafés littéraires, le café (à savoir la boisson) était vendu à Paris dans des boutiques obscures.
Il a fallu 50 années pour abattre tous les obstacles entre l’introduction de la fève en 1644 et le succès du breuvage en 1693.
Ainsi des philosophes trouvaient à la “sobre liqueur puissamment cérébrale” un excitant à leur critique. Le nouveau produit, vendu en grains, était alors utilisé plus comme drogue que comme boisson d’agrément.
C’est l’usage de celle-ci qui marque aussi une des étapes de la conquête de la société française par des influences orientales, puisqu’elle était déjà très commune dans les pays turcs, du Bosphore à la vallée du Nil.
Peu à peu le café se démocratise et la renommée de la « liqueur arabesque » s’élargit en France… Pour consommer, il n’y avait plus besoin d’entrer dans les petites échoppes des cafetiers.
Des marchands ambulants parcouraient les rues, débitant même le café à domicile. Aujourd’hui elle parcourt les régions les plus reculées, savourée dans un van pour se réchauffer.
Le café littéraire pour une profusion de talents
L’ancêtre du café littéraire serait un espace, ouvert au 16e siècle, par deux Syriens à Constantinople. Connaissant une grande popularité, divers intellectuels tels que des prédicateurs itinérants, des poètes, ou encore des musiciens jouèrent ainsi à la joute verbale.
Endroit de partage, lieu de rencontre … Le café littéraire s’impose rapidement à Paris, en alliant la passion des livres autour d’une tasse de café.
Un rôle prépondérant dès le 17e siècle avec un espace propice à la vie culturelle du moment entre débats intellectuels et artistiques. De quoi réveiller l’enfant qui sommeille en nous !
Ainsi des établissements mythiques parisiens comme Le Procope, fondé en 1686, accueillaient des personnalités telles Voltaire, Rousseau et Diderot.
Au 19e siècle, d’autres cafés renommés comme Les Deux Magots et Le Café de Flore devinrent les rendez-vous incontournables de figures éminentes dont Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.
Cette dernière que je nomme souvent d’ailleurs dans mes conférences … “Vivre, c’est vieillir, rien de plus …”
Café ou salon … quelle différence ?
À mesure que les cafés littéraires gagnent en popularité à Paris, ce concept s’étend rapidement à d’autres métropoles européennes telles que Vienne, Londres et Rome.
Les salons littéraires tenus par des femmes d’esprit et des particuliers cotoyent également les cafés, mais s’adressent plus à une élite intellectuelle.
Ainsi Paulette Nardal qualifiée par Joseph ZOBEL de « marraine de la Négritude », et ses sœurs Jane et Anne, tenaient à partir de 1929, dans leur maison de Clamart, un salon littéraire, pour promouvoir « l’Internationalisme noir ». Rappelons qu’elle a eu une activité éditoriale décisive pour faire émerger « la conscience noire ».
L’ascension des cafés aurait donc été tributaire du déclin des salons, qui étaient plus codifiés et élitaires que les cafés, plus libres et égalitaires.
Rôle social du café littéraire
Les cafés littéraires ont joué un rôle dans l’élaboration et la diffusion des idées dites “modernes”. Foyers privilégiés des pensées nouvelles, c’étaient des lieux particulièrement propices à l’avant-gardisme. Au-delà du monde littéraire, la presse, la politique, le théâtre, la musique, la philosophie… y étaient cités.
Ils occupaient aussi une fonction sociale où l’on aimait se montrer pour rencontrer des personnes, pour discuter autour d’une boisson ou au cours d’un spectacle. On y menait donc des discussions variées “en refaisant le mode”. Il faut savoir que les cafés littéraires ont eu certainement énormément d’influence et d’impact dans chaque société européenne.
Aujourd’hui, les héritiers en sont le café – théatre et le café-concert.
Mon 1er café littéraire à Fort-de-France
Le 12 juin, j’étais invitée par l’association Etsionlisait à Kaymeet pour vivre ce moment vibrant de partager.
Plus habituée au salon des livres ou aux conférences, je me prêtais à l’exercice avec une certaine émotion.
Autour de différentes thématiques, pendant deux heures, le cercle littéraire et moi-même avons redessiné les courbes du monde et ses interfaces. Le style de l’écriture, l’économie, la philosophie, le voyage … ont été abordés, l’ensemble orchestré par Alain, alias Konfitur. Et bien sûr l’origine et la création de mes ouvrages …
Quant à Valérie, elle déclamait avec brio le texte « La rupture » que j’avais concocté en atelier d’écriture.
Marie-Hélène, Caroline, Monique témoignaient de leur engouement en partageant leur opinion, alors que Nathalie jouait à la scénariste.
Sans oublier Nikie et Iréné qui finissaient avec notre Team familyevasion à la pizzéria du bas !
Un instant privilégié qui a tissé des liens au-delà du visible … Et qui perpétue cette tradition littéraire bien au-delà de la simple page.
Coucou Caro, j’aime beaucoup comment tu introduis ton intervention littéraire en présentant de prime abord le concept plus intimiste et chaleureux du Café littéraire ! Les présentations en Bibliothèques et autres sont souvent si impersonnelles et manquent cruellement de chaleur, c’est un élément important pour se sentir assez à l’aise pour se dévoiler devant l’autre…
Merci Val !
De quoi continuer à faire des cafés littéraires lol ; c’est vrai qu’il n’est pas évident de se dévoiler devant un public … heureusement nous étions en petit comité ce qui peut encourager ; belle route à toi et à bientôt.
Merci pour cet article très instructif.
Bonne continuation Carolle
Merci Clara, au plaisir de te retrouver sur cette page de blog !
Belle route à toi entre le Trail et l’aventure que tu affectionnes tant … 😉
Hello Carole
Super idée le café litteraire … cela ne m’étonne pas de toi 🤗
Je t’embrasse depuis la Belgique que nous quittons pour la Bretagne
He be Marie, quel plaisir de te lire entre tes deux voyages que je connais bien ! Fait-il doux dans ma chère Bretagne ?
Articles toujours passionnants aliant érudition et partage…on voyage du Procope à Fort de France et à l’ envol littéraire qui donne envie de partager un café ! À bas les nez dans les téléphones portables !
Merci Françoise, si le blog pouvait inciter à faire décrocher de nos écrans, quelle joie en effet ! Merci aussi pour tes conseils littéraires d’ailleurs à quand ton article pour partager sur une de tes lectures ? hihi
Souvenir de petits déjeuners de mon enfance.
Bonne semaine à vous.
Ah oui Léonie tu allais à des cafés littéraires enfant ? Cela devait être top !