Origine du mot Manga
Pour la 1ère fois utilisé par le peintre et caricaturiste Katsushika Hokusai (1760-1849), le mot Manga désignait alors ses dessins et ses esquisses.
Littéralement cette « image dérisoire » a ensuite défini l’idée des estampes japonaises, la filmographie, les jeux et la littérature en bandes dessinées adulées par les adolescents du monde entier.
Le premier manga, publié en 1902, a été dessiné par Kitazawa dans le magazine Jiji Shinpô.
Manga et son lien avec les arts japonais
Le pays du Soleil Levant est cette partie du monde aujourd’hui ouverte vers les autres continents. Pourtant son isolement jusqu’en 1868, n’augurait aucunement les futurs échanges historiques à venir. Le musée EDO à Tokyo retrace parfaitement cette jonction voire cette rupture qui se lit via l’architecture, les scènes de vie quotidienne, le théâtre … Des maquettes en représentent le thème.
Un secteur – bien sûr – montre les sources des Manga : les E-maki, rouleaux peints illustrés datant de l’époque de la capitale Nara (VIIIème siècle) et les Ukiyo-e, estampes japonaises gravées sur bois.
Sans oublier la transmission orale du théâtre Nô et Kabuki. Ainsi le Manga serait issu de cette tradition narrative et populaire de contes fabuleux et édifiants.
Les arts japonais sont donc le terreau des auteurs de Manga, propulsé par la presse écrite de Kitazawa Rakuten, fondateur de la première école de bande-dessinée (1934).
Estampes japonaises au musée de l’ukiyo-e à Harajuku
Le musée Ota Memorial Museum of Art propose des expositions tournantes de sa collection d’estampes qui retracent scènes de rue, marchands, acteurs de kabuki, gheisha…
Patrimoine pictural d’un « monde flottant » aujourd’hui disparu, illustré par le paysagiste Utagawa Hiroshige (1797-1858), le « vieux fou du dessin » Hokusai (1760-1849) ou le portraitiste Kitagawa Utamaro (1753-1806).
Suivre l’histoire du Manga, c’est aussi parcourir les deux étages de ce musée où les moeurs de l’époque EDO nous sont partagés.
Profond cheminement… avant de se plonger dans le quartier irréaliste et vertigineux des Manga, Akihabara. Le magasin Laforet et la rue déjantée Takeshita, considérée comme le berceau des tendances mode du Japon, encadrent ce sobre musée.
Akihabara… Un passage en quatrième dimension assurée !
Source du média de divertissement
Un des 1ers Manga est Sazae-San (1946) de Machiko Hasegawa relatant le quotidien d’une famille japonaise en 45 tomes !
La culture américaine inonde alors le Japon après la Seconde Guerre Mondiale. Un exemple est le fameux yonkoma, manga humoristique à quatre cases, dérivé aussi des comics strip : Snoopy (1950) ou Garfield (1987).
Sans oublier de citer, le musée de Manga à Kyoto qui rassemble des milliers d’oeuvres pour les fans du monde entier.
Public visé essentiellement masculin
Le shōnen est un type de manga dont la cible éditoriale est avant tout constituée de jeunes adolescents de sexe masculin. Dragon Ball, Naruto, One Piece, Saint Seiya… en sont les héros symbolisant des valeurs traditionnelles telles que le courage, l’amitié et le dépassement de soi.
Combat et compétition se succèdent dans les épisodes. Le premier est sans doute Ashita No Joe (1968) dessiné par Tetsuya Chiba et scénarisé par Asao Takamori. Drame social qui prend le contrepied des standards de l’époque en faisant du sport un moyen de survivre.
Les filles ont aussi leur style avec le josei mais ce genre de Manga restera loin derrière concernant la vente des animes.
Tezuka, surnommé le « dieu des manga »
En 50 ans de carrière, cet artiste hors norme a signé plus de 170 000 planches, 700 œuvres, réalisé 70 films et séries d’animation. Pour les Japonais, ses œuvres Astroboy (1952), Le Roi Léo (1950-1954), Black Jack (1973) sont aussi culte que nos Tintin.
Grand fan de Disney, Tezuka le rencontre en 1964. Ainsi … en 1994, nait le dessin animé Le Roi Lion qui semble fortement s’inspirer du Roi Léo. Au point que beaucoup crient au plagiat !
Cet artiste pose des fondamentaux au sein du Manga où des plans cinématographiques vont être introduits pour la première fois.
Il est aussi précurseur du shōho mettant en scène des petites filles avec « de grands yeux, des corps fins et des vêtements à la mode ». Visible dans l’œuvre avant-gardiste Princesse Saphir (1953-1956).
L’ innocence évoquée a été reprise par les personnages Kawaii. Véritable phénomène de mode, avec des vêtements qui semblent conçus pour des enfants (manchettes, dentelle, tons roses et accessoires enfantins), la culture Kawaii reste un phénomène très présent dans le marketing japonais.
Puisque du petit commerce de rue aux grandes compagnies, du gouvernement à la mairie, on en détaille à ce jour les signes.
D’autres courants précurseurs
Les Yokaï, petits montres folkloriques japonais ont été développés par Shigeru Mizuki. Ces personnages ont la particularité d’associer gentillesse et méchanceté dans un même corps difforme.
Le plus célèbre des yokaï est Kappa (en haut à gauche) dont la force est liée à l’eau magique qui remplit son crâne !
Ishinomori (Ultramar en 1966 et tous les Metal Hero) démontrera que le manga peut aussi servir de base pour la télévision, mais également le cinéma ou encore le théâtre…
La rose de Versailles, shôjo dramatique de Riyoko Ikeda a également su ancrer cette tendance avec le personnage d’Oscar, héros androgyne, pour la première fois vivant en dehors du Japon. S’ouvrait alors progressivement l’ère des Manga, en France, puisque la série se déroule pendant la révolution française.
Côté français
C’est seulement en 1990 que le shōnen Akira de Katsuhira Otomo arrive discrètement dans les kiosques français. Le film d’animation (1991) rencontre aussi un succès inespéré compte-tenu de sa sortie peu médiatisée : 40 000 entrées pour sa première année d’exploitation !
Egalement Dorothée et son club a permis la diffusion de ces héros tant discrédités par la plume de certains. Mais aujourd’hui à l’ère du Manga, Dorothée est plus célèbre que Johnny Hallyday au pays nippon !
Le monde des robots (Goldorak) battait alors son plein, aujourd’hui incarné par la statue Gundam sur l’île artificielle d’Odaiba à Tokyo.
Plus de 18 mètres… respect !
De nos jours… deux géants !
Impossible de ne pas citer Haruki Murakami, écrivain japonais contemporain, le plus lu au monde. Il est exposé actuellement au musée en Herbe à Paris. Plusieurs prix littéraires couronnent son écriture, et sa trilogie “1Q84” a connu un succès planétaire. Fan de Manga, la plupart de ses œuvres a été adaptée au grand écran.
Hayao Miyazaki, co-fondateur du studio Ghibli, célèbre pour ses longs métrages comme Le château dans le ciel, Princesse Mononoké… a accordé les droits de distribution de ses films à l’étranger à The Walt Disney Company : rien que ça !
Le voyage de Chihiro, plus grand succès de l’histoire du cinéma japonais (23 millions de spectateurs), consacre l’artiste par l’obtention de l’Oscar du meilleur film d’animation et l’ Ours d’or du meilleur film en 2002.
Le musée Ghibli, dans la banlieue de Tokyo présente expositions diverses expliquant entre autres la fabrication d’un anime au sein d’un studio.
Sur le toit, le robot géant nous emmène vers les pérégrinations du Château dans le ciel…
Et pour les plus fans… un parc d’attraction est même en construction !
Fiche pratique du Manga
VENTES ET AUTEURS DES MANGA
Manga Auteur(s) Ventes approximatives
One Piece Eiichiro Oda 450 millions (tirage)
Dragon Ball Akira Toriyama 250 millions
Naruto Masashi Kishimoto 235 millions (tirage)
Détective Conan Gosho Aoyama 230 millions
ABCDAIRE DE L’ARTICLE
Manga : bande dessinée japonaise, avec une extension possible pour d’autres produits visuels
Période EDO : 1603 – 1868
Yonkoma : manga en quatre cases, le plus souvent humoristique
Shōnen : manga dont la cible éditoriale est à de jeunes adolescents de sexe masculin (8 et 18 ans)
Josei : style de manga dont la cible éditoriale est avant tout constituée par les jeunes adultes (de 15 à 30 ans) de sexe féminin
Yokaï : créatures surnaturelles dans le folklore japonais
E-maki : système de narration horizontale en rouleaux peints
Shôjo : signifie jeune fille ou petite fille ; opposé aussi au shōnen manga
Ukiyo-e : mouvement artistique japonais de l’époque d’EDO (dont les estampes japonaises)
Théâtre Kabuki (scènes japonaises traditionnelles et populaires) et Nô (scènes avec conception aristocratique de la vie)
Merci pour cet article très instructif sur une culture encore méconnue malgré l’arrivée de Goldorak dans ma jeunesse que je n’associais pas au terme de manga.
C’est vrai que le terme Manga était peu usité ; c’est seulement dans les années 90 que le terme et son concept s’est développé en France. Rémi sans famille… Heidi… se serait inspiré de l’aspect mélancolique et combatif du Manga pour attirer les jeunes auditeurs.
Superbe explication des mangas. Quelle belle histoire. Je vous remercie d’avoir publier ceci.
Merci Jacqueline ; Plaisir pour cette recherche diffusée. Les Manga incarnent une culture nippone au-delà de notre conception. A bientôt !
Merci Carolle
J’aurai appris qq chose ( encore une fois ) avec ce très bel article
Je t’embrasse
Merci Emmanuelle ! Très contente d’avoir partagé cette recherche sur ce thème encore peu connu…
A bientôt
Bises
Je vous remercie de cet article instructif. Je n’aurais jamais pensé que les mangas avaient une telle histoire.
Merci à toi Gio ! Contente que tu aies trouvé quelques idées sur tes films et sujets préférés ! A bientôt… sur la route de Dragon Ball !
Merci pour ce bouquet culturel tout à fait florissant.
Le beau réside dans le compulsif dixit André Breton. Or cet art est bien un patchwork d insight intemporel dans un présent bien consensuel
Oui étonnamment… Une culture “in-vivo” de chaque instant, avec une touche légère et aquarellique qui sonde pourtant la profondeur d’une pensée ancestrale. Merci à toi pour cet avis pétillant !
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Hello !
Je trouve que ton blog racontant tes voyages est génial et en plus très instructif…
Un grand Merci !!
Merci Peggy ! Super d’avoir une fan !
A bientôt sur les pistes des terrains.
Bisous
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merci pour cet article pour mon grand oral 🙂
Ah bon ? Grand oral de … ?
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