Etre éclusier… une vigilance de tous les instants pour permettre aux plaisanciers un voyage entre eaux et nature. Mais l’art s’invite quelques fois pour parafer l’alignement des écluses !
Ainsi à Hédé-Bazouges, une histoire est à suivre au file de l’eau…
Canal d’Ille-et-Rance
Entre Rennes (écluse du mail) et Saint-Samson sur Rance (écluse le Châtelier), le canal coule à travers 28 communes et se mesure sur 84,8 km. Idée de relier la Manche à l’océan, ce projet maintes fois revu débutera ses travaux à Hédé en 1804. Le chantier permettra la navigation en 1832 ! Soient 28 années plus tard pour un coût total de 14.226.799 francs (un peu plus d’1 milliard d’euros du XXIe siècle…).
Les réservoirs des communes voisines alimentent en eau le canal : Hédé, Bazouges, Boulet, La Bézardière, Ouée et 8 rigoles d’alimentation d’une longueur totale de 28,789 km.
Le trafic économique ayant disparu avec les derniers chalands en 1972, le trafic fluvial touristique croit à partir de cette date avec l’ouverture du site aux plaisanciers. Ils pourront alors admirer les maisons éclusières de l’époque Napoléonienne ou de la Restauration.
Bief de Hédé-Bazouges : ouvrage des écluses
11 écluses se succèdent de façon rapprochée (183 à 319 m) pour permettre aux bateaux de remonter le dénivelé de 27 mètres.
Prouesse technique où des « portes fluviales » permettent de gravir cet escalier naturel sur plus de 2 km !
Eclusier : un métier de toutes les saisons
La rencontre avec Alexandre, éclusier à la Charronnerie, m’a permis de mieux comprendre la navigation sur ces eaux manipulées par la main d’homme.
Autrefois métier de femme, alors que l’époux était aux champs, la profession s’est depuis plusieurs années masculinisée. La tâche reste rude entre le maniement des écluses l’été et l’entretien des terrains avoisinants l’hiver. Les professionnels sont alors à pied d’oeuvre pour l‘abattage des arbres, l’élagage, la peinture etc… pour la prochaine ouverture.
« Alex » m’explique l’éclusage dans ses moindres détails : entrée du bateau dans le sas (400 m3), amarrage sur les bollards (‘bites d’amarrage’), fermeture des portes par la crémaillère (‘manivelle’), ouverture des vantelles depuis le pupitre par système hydraulique puis une fois le sas rempli ouverture des portes pour l’avancée du bateau vers le bief aval…
L’éclusage met entre 10 à 20 minutes selon la « montée ou descente » du bateau. 3 embarcations en moyenne par jour sur l’ensemble des mois navigables et 2 à 4 éclusiers pour les 11 écluses du canal…
L’éclusier me raconte l’évolution du métier… Ainsi les garde-corps ont été ajoutés au fil du temps devant les accidents des éclusiers, alors que les portes en chêne difficiles à manœuvrer (3 tonnes) ont été motorisées pour la levée des vantelles.
Rien n’est laissé au hasard dans un site naturel à protéger : baignade interdite, pêche autorisée mais poissons à relâcher, huile de colza pour le rouage…
Tout un travail de coordination, de disponibilité et de savoir-faire pendant les mois les plus chauds. Pourtant des crues sont possibles (comme en juin dernier…) ce qui entrave toute navigation. Alors les berges, le halage, les arbres… attirent l’attention de l’éclusier qui vise la sécurité pour le prochain voyageur… !
Les rives du canal accueillent une kyrielle d’artistes !
Le parcours des écluses est connu des randonneurs et nul doute que l’attrait du halage avec ses marronniers centenaires y sont pour beaucoup.
Aussi des moulins échelonnent cette agréable ballade aux alentours de la commune d’Hédé…
Et cet été, 2ndédition de « L’art dérive », une manifestation qui regroupe nombre d’artistes d’horizons différents. En effet, depuis 2016, une trentaine d’entre eux associés à 9 établissements scolaires, un comité de quartier, un EHPAD (établissement socio-médical) et des riverains s’efforcent à diffuser leur art au sein d’un cadre des plus pittoresques : les 11 écluses et les 3 étangs d’alimentation.
Aussi l’association Art des Champs contribue par son engagement à promouvoir la Bretagne romantique.
De mai à septembre, des couleurs et formes artistiques alimentent écluses, étangs et chemins de halage… Un travail titanesque !
Imagination, créativité, exploration des sens, originalité… des instants sereins et apaisants – à ne pas manquer – dans un endroit bucolique à souhait !
Très belle balade au fil du canal. La touche romantique de l’auteur est une invite à la flânerie et rêverie…on en redemande Carolle!!
Les balades au fil de l’eau sont belles toutes les saisons à Hédé… l’idée d’y associer l’Art au quotidien est une excellente idée ; et les explications d’Alex sur son métier sont les bienvenues !
Très intéressant. A découvrir
Hédé se situe entre Rennes et Saint Malo… à mi-chemin, dans un cadre verdoyant. Un repos proche des villes !
Été comme hivers , lieu ressourçant, apaisant. À parcourir à pied, en vélo, à trottinette…, cueillette de mûres, châtaignes, feuilles d’automne aux couleurs chatoyantes pour décorer les poèmes des écoliers, pêche à la ligne, pique-nique, caresse au Lama et à l’âne Niversaire.
Merci Carole
Hey ! Tu connais bien cet endroit n’est-ce pas ! Les berges de ce canal sont remplies de rencontres… pour les assiettes gourmandes ou les caresses des animaux ! Merci à toi !
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