Une vie d’aventures … entre les lignes
Pour celui ou celle qui aime l’aventure, les pages de Sylvain Tesson, nous font parcourir, à souffle perdu, les routes et chemins d’ici et d’ailleurs. Une de ses premières expériences était une traversée à vélo du désert central d’Islande, pied sur l’étrier (ou plutôt la pédale…) pour de multiples épisodes racontés.
Après un stop universitaire pour un DEA géopolitique, il continue avec un ami (Alexandre Poussin) son tour du monde à vélo (1993).
Ce périple fait l’objet d’un premier récit de voyage écrit conjointement par les deux jeunes géographes, « On a roulé sur la Terre » (1996).
Un an après cette publication, ce duo s’attaque à l’Himalaya. Ils le traversent à pied sur plus de 5 000 km … aventure relatée dans « La marche dans le ciel » (1998).
Inutile de vous dire que l’aventure ne s’arrête pas là… puisque “L’énergie vagabonde” en traversant l’éphémère (2020).
Des chevauchées fantastiques…
Vers la fin des années 1990, Sylvain Tesson et l’exploratrice Priscilla Telmon, parcourent les steppes d’Asie centrale à cheval. Deux ouvrages sont alors écrits : « La Chevauchée des steppes » (2001) et « Carnets de steppes » (2002).
Puis l’écrivain voyage en solitaire sur la trace des évadés du goulag de Sibérie. Il raconte une longue odysséedans « L’Axe du Loup » et l’album photographique « Sous l’étoile de la liberté », réalisé avec Thomas Goisque.
Le baroudeur relie ensuite Irkoutsk à Pékin (2007), vit en ermite au bord du lac Baïkal (2010) et parcourt à moto l’itinéraire emprunté par les troupes de Napoléon lors de la retraite de Russie (2012).
Et l’idée de “s’abandonner à vivre” (2014) nous habite.
La descente aux enfers ?
La parenthèse de la vie (2014), coma artificiel après une chute accidentelle, jette Sylvain Tesson dans des méandres des chemins aussi bien philosophiques … que non balisés. En effet, malgré des séquelles physiques, l’écrivain se lance à la découverte des sentiers non battus.
Très marqué après son accident, une remise en question d’un modernisme sociétal, exubérant à ses yeux, prend l’empreinte d’une certaine sagacité.
Cela a d’ailleurs soufflé au scénariste Imbert un film remarquable, du même titre que le livre « Sur les chemins noirs ». Bien que les critiques parfois acerbes de ce « presque » documentaire soient nombreuses, j’ai apprécié pleinement le thème bucolique, le relief des images et la lenteur des pas…
À la (re)quête d’un Soi, un retour à une simplicité de vivre qui s’attache aux feuilles balayées par le vent. Pas besoin de vraiment plus, sous un ciel étoilé, que l’on a encore la chance (inouïe) d’observer.
Une langue poétique à souhait … pour une panthère
J’ai découvert cet écrivain par un de ses livres les plus envoutants, m’a-t-il semblé « La panthère des neiges ». Je ne suis pas la seule, puisque le livre a reçu le Prix Renaudot en 2019.
Une longue respiration à traquer un animal majestueux dans des conditions humaines de survie. Et des questions sur le sens « caverneux » de nos actions…
Alors que les syllabes nous transportent dans l’instant présent du froid tibétain, on reçoit sans relâche des allégories poétiques mais aussi cinglantes, sur les faits de société. Sans oublier, la religion, cohésion précaire et (presque) fatale des peuples… qui n’est pas épargnée. Nous rappelant que la quête perpétuelle de l’Homme reste l’Origine. « Sans nom, il représente l’origine de l’univers. Avec un nom, il constitue la mère de tous les êtres ».
Sylvain Tesson voyage alors avec trois acolytes dont le célèbre photographe Vincent Munier.
A longueur de mots glacés, d’instants gelés et de prouesses givrées… nous sommes installés, (tant bien que de mal côté confort), dans cette épopée hors du temps et du commun. Il est vrai qu’à moins 15 degrés (voire moins 40 !), « l’affût était une prière ».
Rafraichissante, envoutante, haletante… nous poursuivons une panthère des neiges qui joue subrepticement et intelligemment à nous surprendre. Elle règne sur son monde sauvage, nous retournant la question sur « qui est le plus sauvage ? » en fin de compte.
Un hymne à la préservation des tous derniers terriers de la faune. L’Homme en sera plus grand s’il comprend enfin la relation du TOUT. À savoir notre interdépendance avec le monde animalier.
La plume cinglante de l’auteur, voire cynique, se fraye un chemin perturbateur mais, oh combien salvateur, dans nos intimistes et labyrinthiques réflexions. Que « les mystiques cherchaient la mère. Les zoologistes s’intéressaient aux descendants » nous ramène bien dans cette dualité d’existence. C’est vrai que “l’anarchiste crucifié” peut laisser certains d’entre nous sans voix…
En accord (ou pas) avec le contestataire, n’est-il pas important de se poser en guetteur… pour prendre position ? Le partage de son expérience sensationnelle, dans un langage chaleureux, son mot juste à guider notre imaginaire, et enfin la verve poétique en font un écrivain contemporain des plus précieux… à mon sens.
Et vous, chers internautes, que pensez-vous de cet écrivain ?
Qu’en pense-je? Frais, vif, dérangeant, incommodant mais probablement juste…. à lire!
Merci Harold, quel livre as tu lu justement : la panthère des neiges ou autre ?
Beau road trip livresque ! 😉
Bonjour l’équipe,
Je n’ai pas lu la panthère des neiges mais j’avais bcp aimé sur les routes de Sibérie…
Bonjour Françoise un livre que je n’ai pas encore lu… S’abandonner à vivre est en cours…
Merci à toi qui m’a fait connaitre cet auteur !