Steeve Mac curry, la photo du siècle dernier
De nombreux prix sont décernés à ce photographe d’exception, qu’est Steeve Mac Curry. D’ailleurs vous connaissez certainement LA photographie qui a immortalisé son infatigable travail de reporteur.
Je parle bien sûr de cette capture d’écran unique de « l’afghane aux yeux verts » comme elle a été étiquetée. Prise en 1984 (couverture en 1985), ce cliché a traversé nos années pixélisées tant par l’expression du visage que par la qualité de la composition.
Le regard magnétique a été cristallisé par la revue National Geographic. A 12 ans, Sharbat Gula vivait sous le joug de la Russie en Afghanistan. Elle a alors franchi les montagnes avec sa fratrie sous les bombardements pour un camp de réfugiés au Pakistan. Elle y vivra 35 ans dans la clandestinité.
Qu’est devenue cette adolescente ? C’était une question qui me taraudait, comme bien d’autres, avec l’égrènement du temps… Steeve Mac Curry l’avait photographié sans connaitre son nom.
Ce sera qu’en 2002, que le photographe pourra enfin la nommer suite à un travail de recherche avec le journal. Après l’exil, elle fera son retour en Afghanistan telle une « icône »… Aujourd’hui femme et mère de famille, mariée à 13 ans.
Puis à 49 ans, de nouvelles turbulences la force à fuir, elle et sa famille : Rome accueille cette femme fuyant le nouveau régime taliban…
Le parcours exceptionnel de ce photographe
Né à Philadelphie (Pennsylvanie) en 1950, Steeve Mac curry est devenu au cours des 40 dernières années le photographe le plus iconique de la planète. Plus de 20 livres écrits, et nombre de prix (dont 4 fois le World Press Photo !) ont jalonné son parcours d’exception.
De nombreux conflits ont été couverts par le journaliste, que ce soit à la frontière du Pakistan, avec des réfugiés afghans ou au Tibet, lors d’un long pèlerinage. D’innombrables situations de vie, dramatiques, uniques ou intimistes se sont retrouvées sur les pellicules cachées le plus souvent dans les ourlets de ses vêtements pour traverser les contrôles militaires.
Des ethnies aujourd’hui disparues, des bâtiments maintenant détruits… ou encore des conflits étouffés ont pu resurgir lors de cette admirable exposition. Du temps pour parcourir trois étages de témoignage où les regards des uns et des autres … nous scotchent devant l’image.
L’émotion est transmise…
Et le message perçu de la fragilité humaine dans un monde chaotique, lié à des transgressions, est flagrant. Pourtant l’innocence est lisible à fleur de peau, ou plutôt à fleur de la pellicule.
Le scandale vécu comme une trahison par les pairs
Le 29 avril 2016, Paolo Viglione découvre que l’une des photos de Steve McCurry exposées au palais Venaria Reale à Turin est retouchée.
À la suite d’une enquête, l’agence Magnum et le National Geographic ont retiré certaines photographies suspectées de manipulation de Steve McCurry de leurs sites web.
Interviewé par le Time Magazine, l’artiste déclare : « Je suis un conteur visuel, pas un photo-journaliste ».
Les explications de Steve McCurry n’ont pas convaincu le comité d’éthique de l’ Association nationale des photographes de presse des États-Unis, qui a publié un communiqué sévère à l’endroit du photographe. Le mot trahison est approché…
L’intérêt de l’exposition
Au-delà des éclaboussures ayant terni la réputation du reporteur, il n’en reste pas moins qu’il fallait être LÀ entre guerres et migrations, entre violence et drames… pour capturer tous ces regards « au cœur d’un chemin ».
Que les clichés soient un peu rognés à l’aire des logiciels Lightroom ou Photoshop diminue quelque peu la ligne de l’éthique soi-disant.
Car la photographie, et ce qui l’honore, en est bien sûr l’usage de l’outil et la déontologie du réalisateur. Et à cela, je laisse chacun, ou plutôt les experts se positionner.
Pour ma part, ce « conteur visuel » a lâché un « génie artistique » à travers 150 photos parfois inédites. C’est tout simplement une exposition hors du commun.
De l’Afghanistan à l’Asie du sud-est, de l’Afrique à l’Amérique latine, le côté humaniste et contextuel reste le fil conducteur d’images impressionnantes par leur intimité même dans les lieux les plus publics.
Des instants à jamais gravés par des catastrophes climatiques et humaines… ou à l’inverse des partages de moments chaleureux inondent chaque capture d’écran. Une force d’harmonie se dégage même à travers la misère ou la singularité.
L’ « élégance de l’ordinaire » et « l’empreinte de la violence » sont ainsi captées par le noir et blanc ou les couleurs chatoyantes.
Rien ne manque à ce dédale photographique qui nous fait ressortir pantois d’admiration… pour tant de moments négligés et sublimés à la fois !
Fiche pratique exposition Steeve Mac curry
Rétrospective de 150 photographies du 9 décembre 2021 au 29 mai 2022
Musée Maillol : 59-61 Rue de Grenelle – 75007 Paris 7 – 0142 22 59 58
Accès : Métro ligne 12 station “Rue du Bac”
Conseil : réservez en ligne (en amont) car souvent complet !
Autre expo parisienne : Babi est doux
Moi je trouve ces photos magnifiques, retouchées ou pas.
Et tu le dis bien, il fallait être là à ces moments-là et il fallait également penser à prendre les clichés !
C’est sûr et quels risques il a dû prendre !
Ma fibre aventurière est largement dépassé par ce reporteur … et on ne peut que saluer ces captures d’écran si anthropologiques et ethnographiques !
Merci Marie Vincent 🙂
(Avant la visite) Je croyais que je savais faire des photos…
Lol Roger… c’est vrai que l’on se sent petit devant tant d’audaces photographiques !
Quel talent !
Ok 👌🏽Merci
De rien Nathalie, plaisir de partager
Super ton reportage, bravo !
Un grand Merci à toi… puisque tu me l’avais indiquée ! 😉
La photographie c’est le langage du jeu de la lumière et de l’ombre…Ici ce rapport est constant avec des couleurs vives. Il fallait être là en effet. Le plus frappant c’est la fixité des regards. Ils nous transpercent et nous invitent à les suivre…
Oui Dimitri, l’émotion est tangible et palpable … derrière les photos !
C’est un grand… 😉
Article qui rappelle le rôle du photographe et du journaliste dans des espaces de guerre.
Merci à Mac Curry pour l’édition de belles photos…
Merci à toi pour ce rappel de la difficulté de la pratique photographique dans les zones de conflits.
La vie n’est pas un long fleuve tranquille pour bon nombre sur cette planète.
Les moyens techniques, l’audace, la dextérité, le dévouement et la curiosité de certains permettent de nous le rappeler. Il suffit que l’on fasse des choses pour être critiqué, mais qu’importe l’oeuvre est là, merci Carolle de nous y sensibiliser.
Merci à toi Nickie pour ce témoignage et ce soutien affiché ; il est vrai que les journalistes et autres reporteurs nous partagent des instants intenses de vérité … souvent au risque de leur vie.
Grand hommage à eux.
Bravo pour cet article et le précédent.
Quelles belles expos et photos. Transperçantes !
Dans le sens qu’elles touchent au plus profond…
Je ne pourrai y aller mais j aurai bien aimé….
Dommage Françoise car cela mérite le détour ! Et tu n’es pas si loin… 😉
Merci pour cette belle découverte.
Je connaissais quelques-uns de ses clichés mais sans connaître l’artiste.
Super Natacha si cela a complété tes connaissances ; merci pour ce retour. 😉
J’ai été hier voir l’expo avec Louis et sa copine.
Quelle superbe expo !!
On était ravis.
Merci pour l idée.
N’ hésite pas à nous renseigner sur expos parisiennes !!! 😉😉
Super, très contente de ce partage qui en plus vous a comblé !
N’hésites pas à suivre le programme de la Galerie 193 dans le 3ème, même si Babi est doux est fini, il doit avoir de multiples expos dans le même tempo…
A bientôt… 😉