Patrick Baucelin, un faiseur d’images à la lumière d’An tan Lontan

Patrick Baucelin, photographe de plateau plutôt que bachelier

La croisée des chemins et le choix qui en découlent font l’homme à venir …

Ainsi Patrick Baucelin, se retrouve à sillonner la Caraïbe avec une boite à images pour la promotion d’une chaine hôtelière … plutôt que donner réponses aux questions du baccalauréat.

Pour cet homme autodidacte, s’inscrit alors la passion des coulisses cinématographiques :  appétence qui ne le lâchera plus ! D’abord rue Schoelcher à Fort-de-France en 1981, le reporter d’images transporte son Studio Pat 28 Avenue des Arawaks, plus propice pour accueillir ses différents projets.

43 années plus tard, le chef d’orchestre (comme il se nomme…) raconte, partage, témoigne sans cesse à travers des films documentaires mi-fictions. La parole est alors livrée au ton juste des figurants bénévoles. Jamais d’acteur principal, seulement la population locale (parfois à plus de 330 participants) incarne la vie quotidienne d’autrefois.

Celle que l’on a oubliée… estompée ou cachée.

A l’âge de la retraite, inutile de lui parler de la pêche sauf celle qui le ramène sur les berges de l’histoire, du patrimoine et de la culture martiniquaise.

Un parcours professionnel jalonné de récompenses

Les commandes affluent progressivement pour ce génie du travail pelliculaire. Sa patte professionnelle est reconnue par sa 1^ère récompense internationale en 1987.

Ainsi le Caducée d’Or lui est attribué à Paris pour un documentaire « Ve ou konnet ? ». Il s’agit d’un film d’éducation sanitaire destiné à la population afin d’améliorer l’hygiène de vie et éradiquer certains parasites intestinaux sur l’île.

Ensuite l’auteur, producteur et réalisateur ne cessera d’engranger des trophées plus prestigieux les uns que les autres. Plus d’une cinquantaine sur la scène internationale…

Jusqu’au Prix de l’année de la C.T.O. en 2017 à New York, où le « vrai soldat caribéen » est reconnu pour son œuvre magistrale sur la région liée à son engagement de plus de 20 ans d’exercices.

De New-York, à Houston… Des îles de la Caraïbe à Paris, Patrick Baucelin défriche, laboure et sème des documentaires pleins d’émotions sur une période révolue, souvent tragique, mais riche d’enseignements.

Un travail de forcené qui le mènera un jour, l’espère-t-il, jusqu’à la sélection américaine de la célèbre statuette. Oscarisé ? Peu importe… déjà être sélectionné serait une véritable satisfaction !

An tan Lontan, la révélation des instants quotidiens

Pour comprendre son parcours de vie, le chercheur de vérité s’attèle à l’écriture de scénarios authentiques sur le péyi. Qui ressemble d’ailleurs, pour beaucoup, aux îles voisines.

Loin du temps où son père martiniquais faisait une simple relecture, la plume de l’auteur se délie après avoir avalé nombre de lectures et parcouru nombre de musées sur la thématique retenue.

Car Patrick Baucelin s’arc-boute avec minutie aux détails les plus pointilleux …

Le costume est scrupuleusement en rapport avec l’époque choisie (photo d’un costume). Le dialogue strictement en langue créole. Et le détail du décor totalement ajusté au plus près de la réalité.

Travail titanesque, où les figurants haussent leur prouesse à celle de l’historicité à conter.

Après 3 années de labeur, le dernier film de Patrick Beaucelin « An tan Lontan » retrace la période de 1860 à 1960. Occultée des livres d’histoire, ce travail partage sa passion par une succession de films d’archives et de scènes reconstituées, montées savamment en documentaire réaliste.

Le film de 84 minutes est soutenu par la voix française de Morgan Freeman, Benoit Allemane.

Dans le feu de l’action…

Parfois les scènes se réécrivent en plein tournage, l’équipe étant toujours dans l’idée de performer par-delà les textes.

Comme cette noyade pour le documentaire « La couleur de l’esclavage » imaginée au fil de l’eau et de l’action … Qu’à cela ne tienne, l’idée est jugée bonne, on l’intègre de facto !

Et la réalité imprègne aussi les murs du Studio Pat, puisqu’il se prête à la construction de l’intérieur d’un bateau négrier qui transportait les captifs africains pour le film documentaire  en cours.

  Primé de multiples fois pour ces documentaires historiques, le réalisateur traque l’excellence de la lumière, la couleur et le cadrage…

D’ailleurs les jurys du monde entier plébiscitent ses œuvres. « Les secrets des forteresses de la Caraïbe », « Le costume traditionnel » ou encore « Au temps des isles à sucre » … sont autant de documentaires rapportant des trophées. Pas moins de 55 Award !

Alors Patrick … Prochain rendez-vous pour la statuette américaine ?

Fiche pratique Patrick Baucelin

patrick.baucelin@wanadoo.fr

www.patrickbaucelin.com

Autre article sur la période d’An Tan Lontan :

Les ustensiles d’autrefois