Exodus, les mots à fleur de peau
En interrogeant ma mémoire, je me suis rendue compte que j’écris depuis mon adolescence. Pas de journaux intimes, ni de récits structurés. Juste des feuilles volantes, écrites çà et là, des émotions jetées sur le papier, à chaud, mes “états d’âme en vrac” comme j’aime à les appeler…
Et cela dit absolument tout de mon rapport à l’écriture ; une approche intuitive, instinctive, presque anarchique à laquelle je n’ai accordé d’attention que très tard. À cette époque, du fait de mon irrégularité sans doute, j’y voyais tout sauf une pratique sérieuse, artistique, et encore moins une passion.
Une étape dans l’écriture…
Puis je suis partie vivre à Madrid, pour y poursuivre ma 3e année d’étude en communication. Ce nouvel éloignement, après avoir quitté la Martinique deux ans auparavant, m’a amenée à écrire plus intensément. Écrire l’exil, la nostalgie, le manque, les souvenirs, la différence, mais aussi l’émerveillement.
C’est à ce moment-là que j’ai commencé à porter plus d’attention à cette pratique, mais sans pour autant envisager d’écrire, pire d’être un jour publiée. J’ai toujours secrètement souhaité devenir écrivaine. Mais il s’agissait d’un rêve flou, lointain, d’une chimère, enfermée à double tour dans un minuscule recoin de ma tête.
Avec ce premier exercice de collecte de textes, j’ai bien songé à écrire un livre un jour. Mais pour ce qui est d’Exodus, je crains qu’il ne s’agisse que d’un incroyable concours de circonstances qui m’a amenée à ce résultat inespéré.
Parcours typique pour une atypique ?
J’ai d’abord étudié à Lyon, puis à Madrid et enfin à Lille, avant de débuter ma carrière à Paris, dans le domaine de la transformation digitale.
Puis, au moment où mon poste allait enfin être pérennisé, un rachat a eu lieu, puis le COVID est survenu. Avec cette pandémie et une instabilité économique annoncée… le chômage et une remise en question qui l’accompagne.
La réflexion, autour du retour au pays, s’est alors intensifiée. La quarantaine, l’isolement, l’incertitude, la quête de sens, le mal du péyi … autant de sentiments qui se sont mélangés dans ce contexte quasi planétaire, qui m’ont amenée à repenser la vie, MA vie.
La Martinique semblait alors constituer l’unique réponse à toutes les questions que je me posais.
Quête intérieure
L’entrée sur le marché du travail, et cette période d’isolement, de remise en question, ont largement contribué à mettre en exergue mes “spécificités”, mon “étrangeté”, un tempérament dit atypique : hypersensibilité et suspicion de trouble de l’attention et de la concentration (TDA/H) et de haut potentiel intellectuel.
Cette quête globale vers une connaissance de soi et un mieux-être a nourri ce qui s’est finalement traduit en un recueil de poésie, alors même qu’il n’en avait jamais été question.
Je n’avais jamais lu, ni même écrit de poésie jusqu’à cette fameuse période…
Challenge d’écriture … rapport gagnant !
Les réflexions, miennes à ce moment-là, m’ont également donné envie de trouver un écho chez d’autres ; ce que j’ai tenté de faire en participant à 1, puis 2 challenges d’écriture lancés sur Instagram, dont 1 posté par une martiniquaise (@rasin_epi_zel).
Dès le premier poème posté, ce fut l’engouement : plus de 500 personnes ont liké ces quelques vers partagés, les premiers de ce qui devint une longue série.
Instagram est donc bel et bien à l’origine de cette formidable aventure alors même que j’ai toujours été réfractaire aux réseaux sociaux, bien qu’ils constituent un de mes outils de travail, en tant que communicante.
Différentes facettes d’un métier stellaire
EXODUS est beaucoup plus qu’un livre.
Il s’agit d’un concept, d’une approche artistique globale, d’un mouvement. C’est d’abord et surtout un recueil de poésie, certes, mais c’est aussi un court-métrage, une collection de posters graphiques (en vente prochainement) et pourquoi pas, à terme, une gamme plus large de produits dérivés.
Comme j’aime à le dire, EXODUS est un mode de pensée, une manière d’être au monde… C’est une invitation à l’évasion, au voyage, à rentrer en soi, pour finalement mieux s’ouvrir aux autres. Une invitation à se questionner, pour mieux se (re)trouver, et tenter d’être plutôt que de paraître.
C’est une invitation à vivre pleinement et intensément ses émotions, celles qui font de nous ce que nous sommes, ou devrions plutôt être, à savoir des individus sensibles, vrais, authentiques, singuliers.
Au jour… d’aujourd’hui !
Aujourd’hui, je peux enfin dire que je suis une aspirante écrivaine. J’espère bien mener à terme le premier projet d’écriture que j’ai commencé timidement, il y a plus de dix ans de cela.
J’ai aussi la chance d’animer un cycle d’ateliers d’écriture au sein d’ESOL, ainsi que des ateliers d’écriture créative ponctuels pour le compte d’entreprises et d’associations.
En plus de mon travail de responsable de comptes au sein d’une agence de communication et marketing, je suis rédactrice indépendante certifiée. Pour l’heure, je collabore essentiellement avec le média EWAG qui rayonne sur les Antilles-Guyane.
J’ai à cœur de faire en sorte que toutes mes activités me ramènent de près ou de loin à l’écriture, de sorte à ce qu’un jour peut-être, je puisse pleinement m’y consacrer…
Le Prix littéraire Fetkann ! Maryse Condé 2024
Le Prix Littéraire FETKANN ! MARYSE CONDÉ est un prix en faveur du travail et du devoir de mémoire, il défend la dignité humaine. Sa visée est favorable au renforcement de la cohésion sociale car face à des événements historiques tragiques, toutes les communautés doivent bénéficier de la même marque de respect et de reconnaissance.
Cette démarche vise à faciliter l’accès aux jeunes et au plus grand nombre à la connaissance de ces faits.
EXODUS, Journal de bord d’une atypique a été soumis au prix FETKANN ! MARYSE CONDÉ dans la catégorie Poésie par la maison d’édition Neg Mawon, au même titre que 11 autres ouvrages, inscrits dans différentes catégories.
Sur une centaine d’ouvrages sélectionnés, dont ceux d’auteurs reconnus comme Gaël Faye, Paulette Nardal, Gisèle Pineau, Malik Duranty ou encore Kiyémis, une quinzaine concouraient dans la catégorie Poésie. C’est finalement EXODUS, Journal de bord d’une atypique qui a été sélectionné parmi les 4 derniers ouvrages encore en lice.
Fiche pratique / Exodus de Laëtitia Juraver
Autrice : Laëtitia Juraver ; Contact : juraverlae@gmail.com ; Site web : www.laetitia-juraver.fr
Diplômée d’un Master en Sciences Humaines et Sociales, spécialité Communication, Laëtitia détient également une certification en copywriting.
Éditeur : Neg Mawon Parution : mai 2024 Dimensions : 14 x 20 cm, 156 pages Prix : 15€
Pour aller plus loin
Compte Instagram : www.instagram.com/allegresss/
Chaîne Youtube : www.youtube.com/@LaetitiaJuraver
Éditions Neg Mawon : editions-neg-mawon.com/fr-fr
Prix Fètkann : site.prix-fetkann.fr/les-laureats-du-prix-litteraire-fetkann-maryse-conde-2024/
Association Et si on lisait : https://etsionlisait.fr/
@crédit photo : Astrid Bonard (poster) et Hugues Moray (portrait)
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Coucou,
Quel beau parcours, et toute son écriture est liée justement à son parcours.
Bonne année 2025, que tu puisses continuer toutes tes émissions et des réalisations littéraires.
Bises
En effet Christine, Laëtitia a valorisé tous ses instants de vie pour en faire une force et une richesse intérieure.
A bientôt