Conférence sur le Suwa au Lamentin
Lutte traditionnelle bushinenge en voie de disparition, des jeunes lutteurs fiers de leur art et de leur tradition ont présenté ainsi le Suwa. Repérés par Yannick Théolade, coachés par Cornelia Abissoina ce groupe démontre avec force les stratégies d’un combat autrefois pratiqué comme un amusement.
Par un long travail de recherche, Y. Théolade a participé à l’émergence de cet art sacré ancestral. Grâce à lui, l’art martial du fleuve est présent sur la place du marché au Lamentin ce Sanmdi Gloria.
« Comme un défi, pour la 1ère mise à l’eau d’une pirogue, les hommes s’affrontaient sous le regard des femmes » raconte Cornélia ; « Cela pouvait être un règlement de compte, mais les deux adversaires se serraient la main et tout rentrait dans l’ordre à la fin du combat » renchérit son fils, lui-même lutteur.
« C’est en courant que nous sommes arrivés ici », phrase emblématique, en mémoire de l’esclavage et de la guerre surinamaise, nous confie Cornélia entonnant un chant dans sa langue natale. Alors que le Danmyé y répondait par quelques pas…
Un peu d’histoire
Les Bushinenge vivent sur les rives du Maroni depuis plus de 200 ans. Ces descendants des esclaves issus du Marronage, ont fui le Surinam au 18ème siècle, avant l’abolition de l’esclavage. Jusqu’à aujourd’hui, ils vivent en autarcie préservant une culture d’origine africaine et un mode de vie adapté à la forêt amazonienne.
En Guyane, les Noirs-Marrons sont représentés par :
- Les Aluku (aussi appelés Boni) vivant dans les villages d’Apatou, Maripasoula et Papaïchton
- Les N’djuka vivant sur le territoire de la commune de Grand Santi
- Les Paramaca vivant entre les villages d’Apatou et Grand Santi
- Les Saramaca pour la plupart à Kourou
A propos du Suwa selon A. Anakesa
L’anthropologue nous décrit le Suwa comme une réalité humaine, sociale mais aussi divine. La cosmicité, les rituels… jalonnent cette pratique pour « souder et remettre en connexion les peuples ».
De tradition africaine, l’héritage identitaire a été préservé par le marronnage avec de nombreux savoirs et savoirs-être. Il s’agissait d’optimiser une organisation en osmose avec la nature sous le regard de l’ancêtre dans l’idée d’une quiétude sociale. L’enracinement 1er a été au Surinam.
Puis les Africains de Guyane ont développé cet art traditionnel de combat dans la forêt amazonienne. La voie de la connaissance repose sur la compétence, l’engagement et une dynamique, socle de la construction de l’Être.
A l’origine, la manière d’être et d’agir marquait l’opposition, la résistance à la négation de l’Homme qu’était la traite négrière.
Une réalisation à travers le corps emmené par le « dire musical » où le tambour joue un rôle régulateur primordial.
Ainsi le « tambour-parleur » rallie homme et nature par le chemin du sacré.
Le Djokan, art martial créé depuis 2010
Yannick, guyanais d’origine, s’est longuement perfectionné dans les arts martiaux.
Il a fondé – par sa propre perception – un art martial amazonien, le Djokan, qui s’appuie sur « les pratiques guerrières, les danses traditionnelles, les us et coutumes des peuples Amérindiens, Bushinengués et Créoles de la Guyane ».
Le DJOKAN est une « Voie d’accomplissement de l’Homme par la Nature ». Il s’articule autour des techniques de combat à mains nues (Djoubaté), avec des armes traditionnelles (Zanmyan) allié aux techniques de santé et de développement personnel. Un long cheminement philosophique, Kamoa… indissociable de l’art du tambour, cœur du Djokan.
Sur la route de l’éveil…
Danmyé, Suwa, Djokan autant d’arts culturels…et de combats… pour une transmission de la mémoire collective. Merci à la rédactrice pour cette découverte…
Merci aux porteurs des voix et des voies… tout est connexion dans ce chemin de la vie.
Eh bien vraiment chapeau Caro. Véritable découverte. Merci
Merci à toi pour ta lecture assidue… moi aussi j’ai appris.