Isambert Duriveau, plasticien au cœur de la culture martiniquaise

Isambert Duriveau, passion et transmission

Isambert Duriveau et atelierDepuis gamin, Isambert Duriveau joue de ses mains pour créer. Bois, calebasse, bambou… tout était œuvre en devenir.

Façonner, transformer, sculpter.

La passion d’ Isambert Duriveau pour la sculpture de la pierre s’est affirmée lors d’un stage avec Alex Savy. Ce dernier, créateur sur pierre a renforcé chez son élève le goût de s’approprier le minéral … Trois dimensions qui subtilement se précisent et donnent vie à l’imaginaire.

C’est à la retraite, qu’Isambert a pu pleinement se consacrer à cet art.

Ancien enseignant, des « plus petits aux plus grands », il partage encore aujourd’hui à 74 ans son savoir-faire.

Auprès des enfants, il transmet ce riche regard qui permet de s’approprier simplement son environnement. Une dextérité loin d’être acquise, pour ceux qui dessinent le plus souvent en 2D !

Poisson sculpture

La culture martiniquaise au centre du combat

Alors qu’il arpentait auprès de ses parents les collines du Morne-Vert, il s’inscrit naturellement dans la démarche de préserver le patrimoine martiniquais.

Isambert Duriveau avec livre LasoteEt bien au-delà… lui redonner ses lettres de noblesse.

La pratique du Lasotè en 1980 est ainsi mis en valeur grâce à son engouement et la reconnaissance qu’il a pour ce travail ancestral. Auprès d’Annick Jubenot et de l’association Lasotè, la valorisation de cette entraide rurale a découlé sur l’écriture d’un livre éponyme.

Membre fondateur du groupe « Sanblaj pou fè kréyol lékol », Isambert Duriveau est aussi écrivain, illustrateur… et musicien. Entre autres, souffleur de conques de lambi !

De là, un petit clin d’œil à Jano autre que Jean-Pierre Léandre, lui aussi souffleur.

Proverbes illustresIsambert a ainsi écrit « Proverbes créoles illustrés », traduit en créole, anglais et espagnol ; la préface étant de Jean Bernabé, professeur émérite des universités.

Plus de 80 illustrations originales dans ce recueil, avec des dessins dépouillés pour s’approcher au plus près du sens du proverbe.

Parler avec les Dieux…

Les secrets de la roche émerveillent toujours autant le plasticien qui utilise ce matériau pour « parler avec les dieux ». Des bouddhas, des Vierges, des déesses de la maternité ou encore des symboles maçonniques apparaissent sous le doigté d’Isambert.

Symbole amérindienSes nombreuses œuvres sont essaimées sur l’ensemble du territoire : de l’Anse Bellay, à Basse-Pointe, en passant par Bellefontaine… sans oublier le Carbet. Les maisons de la culture ou les journées du patrimoine font appel à lui régulièrement pour la transmission de son savoir-faire sculptural.

La démarche de création accorde à l’Homme sa place dans l’Univers et permet son interaction avec le Vivant. Cet état très particulier nécessite une introspection et une extériorisation de ce qui est en soi, me confie Isambert.

Un temps d’arrêt qui ne s’explique pas mais s’instille par la Création elle-même. Parfois cernée par l’homme, les religions ont ce même rôle et cette même valeur pour répondre à l’ignorance de chacun devant la Genèse.

Cimetiere d'esclaves Anse BellayMême si la réalisation des œuvres touche différents domaines, l’universalité n’en est pas l’origine.

Sculpture Aime CesaireMe citant les paroles de Césaire, l’artiste me reprend sur le sens du mot : « Il y a deux manières de se perdre, par ségrégation murée dans le particulier ou par dilution dans l’universel ».

Le respect de l’altérité est au cœur du chemin.

Revenons à la sculpture… Roche sculpture

Basalte, dacite ou encore l’andésite sera choisi selon le mouvement créatif.

Du nord au sud, de Saint-Pierre à Sainte-anne, la pierre se trace pour l’œuvre à venir.

Sa préférence ? « Plus la pierre est difficile à travailler, plus le résultat est beau ».

Histoire de densité et d’effort fourni, pour un travail qui satisfait !

Sa démarche peut être double.

Meleuse sculptureParfois une idée en tête fera parcourir le territoire, parfois la face d’une pierre suggère l’idée. Même une fissure sera intégrée dans une imagination nourricière.

Avec de nombreux outils, du disque diamanté aux ciseaux, de la massette à la boucharde… et j’en passe, le secret de la roche se dévoile aussi par un polissage progressif. Des grains mis à nu pour la beauté du vivant.Pierre sculptee

De la ronde-bosse au bas-relief, l’œuvre se crée sous le regard émerveillé du plasticien.

Et nous entraîne également dans ce songe de la réalité…

Bateau sculpture