Bwa wonflé comme un murmure des portes

Bwa wonflé, le bruissement du quotidien d’Antan Lontan

Henri BrivalInstant unique et plein d’émotions, avec Henri Brival, 92 ans… musicien et inventeur du bwa wonflé. Il me raconte…

Sa passion, déjà en culottes courtes, était les sons… La misik alors se jouait partout et à chaque instant pour célébrer l’instant de la vie. Comme un hymne à l’existence !

Toute réunion familiale se vivait avec la portée des notes et le partage jovial d’un repas, même frugal en ce temps-là. Cependant les instruments de musique se faisaient rares…

Aussi tout ce qui tombait entre les mains, devenait par magie une boite à sons ou une caisse à résonnance. Le cha-cha en modèle réduit et le bwa wonflé, en « « grande boite » pour amplifier le son transmis.

An ba lapot - bwa wonfleEt cette caisse inventée par Henri… vient du bruit des portes !

En effet, un bâton, une canne… frottés savamment sur le battant d’une porte ou le pan de la maison harmonisait à merveille les chants alors a cappella.

« An ba lapôt » a été ces instants créatifs pour imiter les instruments ; la « misik djol » couvrait alors le brouhaha des invités et donnait la cadence à suivre… La barre ou le recoin de la fenêtre s’inscrivait alors comme le 1er instrument du fond musical.

Une caisse de musique pas comme les autres

Bwa wonfle

Le bwa wonflé a des mesures uniques, taillé dans un contre-plaqué et enjolivé par des cordes colorées. Un trou central, puis amélioré secondairement par une languette pour poser le micro, cet instrument a fait le tour du monde.

H. Brival - bwa wonflé

Joseph Louis-Rose - tibwaDans les mains expertes d’Henri, le son « danse » aux côtés de Roland Brival dans la troupe Bwabwa des années 90. Le tibwa, le chacha, la toutoun banbou… ne sont d’ailleurs jamais loin de la caisse. Le bâton, confectionné également par l’inventeur, frotte inlassablement l’isorel pour accompagner chanteurs ou danseurs.

Les scènes nationales (Paris, Toulouse…) et internationales (Éthiopie, Suède…) ont entendu alors cette heureuse mélodie à l’unisson.

Il sera aussi aux côtés des plus grands de la scène musicale traditionnelle : Ti Raoul ou Dédé Saint-Prix pour ne citer que quelques-uns !

La relève, d’une musique traditionnelle des mornes

Les enfants d’Henri assurent la relève, même si Sylvie, également danseuse, joue plus régulièrement que ses frères et soeurs.

Jean-pierre Leandre de WatabwiEt pour cause, son oreille musicale est sollicitée depuis son enfance. D’abord en cachette, elle imitait le frottement du bwa wonflé avec son index sur la paume de sa main.

Maintenant au grand jour, elle accompagne le groupe Watabwi, les célèbres souffleurs de conques de lambis. Rappelez – vous !

La tradition, se répète chaque samedi au Marin, et se perpétue par des sons d’Antan Lontan qui faisaient grincer nos portes. Aujourd’hui au-delà des sons … pour rejoindre la mémoire de nos anciens, n’en doutez pas.

Remerciements à Joseph Louis-Rose et à Sylvie Pame, médiateurs de cette exceptionnelle rencontre. Hors du temps.

Pour aller plus loin :

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