Nwel (Noël)… Un repas et une tradition !
Le cochon de Nwel
Nwel, Noël… nous sommes le 24 et il est 3 heures du matin !
C’est aussi l’heure des derniers moments du cochon, nourri et engraissé toute l’année pour l’occasion. Tous les ustensiles de cuisine et les bonnes épices sont prêts pour la préparation du boudin. Moment idéal pour mettre à tremper le pain « rassis ».
C’est dans la joie et bonne humeur que famille et voisins partagent cette fête. D’ailleurs Man Finotte a apporté le bois d’inde qu’il nous manquait !
Tradition rime avec préparation
Viens l’heure de préparer la farce pour le boudin ; un vrai timing « serré » ce repas de Nwel ! Et pas question de rater une étape, sinon Papi va encore jaser…
Donc on reprend (et dans l’ordre s’il vous plait !) : la farce… la pâte brisée pour les pâtés… le jambon enrobé d’ananas et de sucre à mettre au four… le ragout de cochon à roussir… Et le tout mélangé aux effluves du pois d’angole.
De loin, j’entends Mamie chanter derrière les fourneaux : personne ne peut la déranger ; elle est comme un chef d’orchestre devant son pupitre.
Mon ami, le voisin
Ah voilà qu’arrive Alfred, le voisin « du fond » avec deux gros ignames sassa ; il les a récoltés la veille dans son jardin, après avoir fouillé la terre. Sinon il y a la foire à l’igname de l’association Lasotè !
Tati Dina accueille “tonton Fred” à bras ouvert (je me demande ce qu’elle préfère : l’igname ou le voisin… ?) alors qu’elle s’empresse d’éplucher la racine pour l’immerger dans l’eau bouillante.
Le feu du charbon est juste ce qu’il faut pour entretenir la cuisson. Le yanm sasa va se faire désirer !
Le secret de Mamie
Aie !!! J’entends Mamie Maryse qui m’appelle ; je vais me faire gronder… je suis restée jouer avec les cousins, cousines… Mais c’était trop bien car ils « arrivent de France ! ». Vite, je dois l’aider à sortir les liqueurs préparées pendant toute l’année.
Punch coco, punch cacahuète, le douceureux sirop de groseille (hum… un délice !) et bien sûr l’incontournable schrubb. Précieuse liqueur dont Mamie garde jalousement la recette.
Pourtant je sais la faire à force de m’extasier devant son savoir-faire. Cela fait 6 mois qu’elle prend soin de « ses » pelures d’oranges et de mandarines, qu’elle laisse macérer dans du rhum laissé au soleil. C’est tout simple !
Mais moi ce que je préfère, c’est l’Alexandra et sa couleur rose bonbon… Vous connaissez ?
Les cantiques de Nwel
Les casseroles chantonnent, les sauces fredonnent, et même le cochon barytonne !
Rien n’a son pareil, le jour de Nwel, pour célébrer le plus beau jour de l’année ; aux yeux de Mamie et à nos oreilles !
Depuis la terrasse, j’entends monter la douce mélodie des cantiques « Michau veillait », « Joseph, mon cher fidèle » « Allez mon voisin » …
Tout le monde reprend en cœur, bien avant l’arrivée du groupe de chanteurs qui donnera le ton juste avec leur ti-bwa, chacha et même un tambour.
C’est parti… le réveillon commence… jusqu’au petit matin. Amizé épi bon balan !
Texte de C. Karine
Memo : pois d’angole
Le pois d’Angole (Cajanus cajan) appartient à la vaste famille des Fabaceae (ou Légumineuses). Source de protéines végétales très appréciable pour l’alimentation humaine.
Aussi nommé pois cajan, pois-congo… ou pwa di bwa chez nos voisins guadeloupéens.
Très répandu en Asie, Amérique latine et dans la Caraïbe, il accompagne en Martinique – presque exclusivement – le plat principal de Noël.