Hébert Édau, voyage en paysages mémoriels

Hébert Édau, artiste îlien et… guadeloupéen

Mer et poissons - Hébert EdauHébert Édau, plasticien rencontré sur le lieu de son exposition à l’Habitation Cément, me raconte… Tout d’abord sa vie au bord de l’eau, sa famille de marins pêcheurs et même à Saint-François, il vivra près de la rivière.

Aussi est-ce ce naturel que le pwason illumine ses toiles ; paysages immergés, les couleurs se fondent et cristallisent notre imaginaire en prisme des océans.

Il m’explique cet attrait pour le vivant, en faisant dialoguer les couleurs entre elles. Une aventure d’immersion féérique nous fait tanguer d’un objet aquatique à un autre détail sous-marin.

Pwason et nas

Le voyage, au son et à la texture d’eau de mer, nous enveloppe le temps d’une pérégrination étincelante et mouvante. Pourtant la métaphore par les profondeurs de l’Atlantique noir susurre son Histoire.

Oeuvres de Hébert Édau

La série Chants d’ombres

Serie chants d'ombres

Que ce soit Le rebelle ou L’Orphée noire, le poing fermé nous (r)appelle… la recherche identitaire de tout être. Et son universalité. « Peindre pour moi est une sorte d’intériorité, c’est assurer ma propre histoire, histoire de la peinture et de l’humanité » nous écrit l’artiste. Une quête d’être Soi jusqu’à ce jour.

Poing fermé Hebert EdauOn devine alors au-dessus des cases le chemin sanglant, vociférant, délabrant… pour peindre les clameurs d’une révolte originaire.

Un « quelque part », un « aujourd’hui » formé sur cette absence de la provenance, l’histoire d’une filiation à réparer, retisser… qui s’inscrit et se répète sur le procédé même de sa peinture.

 « Mon travail, entre remplissage et nettoyage, est un additionnement par soustraction » donnant alors le ton de l’abysse mémoriel de l’identité.

Des couleurs qui pensent et pansent

La Filo

La série des Danseurs clament la liberté des gestes, bien au-delà de riches couleurs. La Filo, Manzel Baker, Kok la … nous invitent à suivre l’allégresse des lignes, et des pas furtifs qui survoltent l’ambiance. La transe libératrice est-elle ce passage obligé pour accepter la réalité ?

Accommodez-vous du paysage, nous livre quatre toiles où des chaussures contemporaines traduisent le labeur et les meurtrissures du quotidien. Difficile alors de faire taire l’émotion, qui embue des couleurs-sons, des couleurs-témoins…

Champ de banane et baskets

Hébert EdauFiche pratique exposition de “Paysages immergés”

Hébert Édau, né à Trois-Rivières en Guadeloupe (1974)

Diplômé de l’institut des Arts visuels de Martinique

Plasticien, scénographe et enseignant en arts plastiques

Actuellement exposé à la Fondation Clément au François : 26 avril – 18 juin

Livre cité “L’atlantique noir, modernité et double conscience” de Paul Gilroy, sociologue anglais