Haute taille, répétition au François : 1, 2 et 3 !
Haute taille, une danse d’origine européenne
La haute taille est une danse de salon, arrivée au 17ème siècle aux Antilles, alors qu’elle se propageait en France en 1684 par le maître à danser anglais Isaac.
Elle était alors dispensée dans le cercle restreint des colons et la bourgeoisie locale. Aujourd’hui la chorégraphie s’est adaptée mais à l’origine, il s’agissait de mimer (voire de ridiculiser…) des gestes paraissant ubuesques, épiés depuis la cour des habitations par les esclaves.
En Martinique, la ville du François est reconnue comme le berceau de la haute taille (comme le bèlè à Sainte-Marie). Ceci s’explique, selon les historiens, par le nombre important d’habitations présentes sur cette commune à l’époque coloniale.
Le nom de haute taille serait lié à une coupe de robe très prisée de l’époque, qui se porte encore aujourd’hui par les danseuses.
Un chanteur commandeur
Au foyer rural de Morne Acajou au François, l’association ô di men s’applique pour sa première répétition de l’année. Pierre, chanteur du groupe, assure aussi le rôle de commandeur, dictant la cadence et les figures à danser. Le chanteur débute traditionnellement par « Cavaliers aux Dames ! » pour que les danseurs invitent leur danseuse.
Ce soir, les musiciens sont au nombre de 4.
Les instruments sont parfois confectionnés par les artistes eux-mêmes comme le chacha ou le siyak. Ce racleur, autre nom du siyak, est une tige de bambou striée que l’on frotte par un « va-et-vient » avec un grattoir (fait parfois de rayons de vélo comme me montre Jacques !).
L’accordéon et le tambour complètent le quatuor du soir qui accompagne « élégance, prestance et alliance » d’après le commandeur.
Valeurs culturelles des danses
traditionnelles
Charles, le coach de l’association, me raconte comment il a été sensibilisé à cette danse par son grand-père. C’était alors une danse de bal. Aujourd’hui 28 associations existent sur le territoire martiniquais pour défendre les valeurs d’un patrimoine culturel. L’idée est de maintenir et de transmettre cette tradition aux plus jeunes, peu attirés par cette discipline. Les séniors en étant les plus représentatifs.
En 2019, a eu lieu au François, le 8ème festival international de haute taille. 4 groupes originaires de Jamaïque, Dominique, Saint-Vincent et Paris sur les 26 groupes de danse étaient présents. Mettre à l’honneur la diaspora de cette danse est aussi une plus-value pour maintenir les pratiques culturelles à travers le monde.
Danse ou contredanse ?
Une contredanse (ou encore quadrille en Guadeloupe) est une danse à figures disposée en deux colonnes ou carré. Celle-ci adoptée par des milieux bien différents (esclaves, classes populaires, milieu rural) a alors influencé la rythmique, les instruments (ajout de percussions comme le tambour de basse) et le déroulé.
La robe longue est alors de mise, avec des gants blancs, le chapeau finalise lui le costume de l’homme.
Les figures principales sont en Avant quatre, Dimi ronde, Quart di Rond, et l’été, mais aussi d’autres figures comme la biguine.
Bien sûr, les noms comme « saut de kabrit » et autres appellations en créole ont remplacé les termes français.
Ou za paré ?
Souvenirs d’Antan
Merci à Léis de nous avoir envoyé la photo de ses grands-parents qui excellaient dans cette danse (cf commentaire).
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