Boul titiri-a pété Gran-Riviè !

Pêche aux titiri, un jeu d’enfant

barrage et titiri

Les titiri (en créole) désignent des alevins de différentes espèces de poissons (gobies, éléotridés… et de crustacés (minuscules crevettes) qui remontent le courant de la rivière.

Ferdilie et pêche de titiri

C’est une étape de la vie à l’embouchure des courants entre la mer brassée et l’eau douce. Ce qui explique les lieux de prédilection de cette vie grouillante entre les roches des communes du Nord (Grand-Rivière, Lorrain, Macouba, Carbet et Saint-Pierre). Le coté Caraïbe moins agité permet cette pêche à l’épuisette, alors qu’à Gran Riviè le courant est trop fort pour tenir « contre vent et marée » !

Gabriel et sac

Ferdilie et Gabriel s’amusent à me raconter avec enthousiasme leur façon de pêcher et m’emmènent sans hésiter dans leur coin bien défini.

C’est une passion qui ne les a pas quittés depuis leur plus jeune âge ! Ils déplorent que la « jeunesse d’aujourd’hui » délaisse cette activité, réputée sur tout le territoire.

Une dizaine de pêcheurs, des chevronnés, garde cette tradition qui nourrit quelques maisonnées mais aussi les restaurants de la commune.

Ferdilie a Gran Rivie

Un coup d’œil averti

« La mer frissonne » m’explique Gabriel, signe que les titiri abondent dans l’océan. Déjà les quelques pêcheurs les ont prévenus, car une immense rotation des alevins « en boule » est parfois visible en amont.

Sterne

Et puis les sternes, vigilantes, tournoient autour de leurs petites proies.

Ensuite on installe son sac (d’engrais qui a remplacé le sac en jute). Coupé en deux, brûlé aux bords et recouvert de pierres il doit occulter la couleur blanche du piège.

sac vide

« Qui va à la chasse, perd sa place » me racontent-ils en souriant… aussi sont-ils prompts à déposer leur sac dès que la saison arrive de juin à octobre.

Mais ils le laissent toute l’année en fait… « on ne sait jamais ! ». Et ce sera toujours après le dernier quartier de lune

Sac tire par Gabriel

La prise quotidienne peut aller jusqu’à 50 kg par jour et fera le bonheur des iliens du sud qui une fois prévenus commandent leur plat gourmand et attendu. Les titiri blancs (de couleur rose), les plus jeunes (ceux qui n’ont pas encore escaladés les roches de la rivière) sont les choix préférés. Après 2 à 3 jours dans l’embouchure, ils prennent une couleur foncée et se vendent alors 2 fois moins chers que leurs congénères…

Une histoire de famille

Gabriel et FerdilieSouvent 2 à 3 personnes à la chaine se relayent pour finaliser la levée des titiri. Une fois repérés dans le sac, la récolte demande une célérité pour ne pas occasionner la fuite des poissons.

Puis tout un travail de coulage (tamisage) s’ensuit, que Ferdilie maitrise. « Dès 5 heures du matin, on lève, on soulève et on coule » me précise son frère.

Directement empaquetés, les alevins arrivent tout frais sur les étals ou dans les restaurants. Puis congèlés, ils sont servis toute l’année.

Pate a titiri

Rosette au Grill RiverainAccras, pain aux titiri, nems, soupe et la touffée (court – bouillon) n’ont pas de secret pour Rosette, une autre sœur et restauratrice …

Ainsi l’histoire de famille a commencé les pieds dans l’eau et finira les pieds dans le sable au « Grill Riverain ».

Vraiment la « Boul titiri-a pété Gran Riviè » a de quoi faire des heureux !Accras aux titiri

Autre (s) article (s) sur la pêche :