Argile et potier ne font qu’un ?
Argile et environnement
L’argile a toujours la caractéristique d’associer une particule (moins de 4 micromètres) à un minéral plus exactement un silicate. De nature malléable, l’élément est utilisé pour fabriquer des tuiles, des briques, du ciment et aussi de magnifiques poteries.
Sa capacité d’absorption permet la réalisation de cosmétiques mais aussi pour certains médicaments, comme les pansements gastriques.
Mais l’argile peut être aussi à l’origine de catastrophes naturelles, les glissements de terrain ou les coulées de boue étant provoqués par l’instabilité des constructions sur ce terrain modifiable.
Potier et travail de la terre
Sylvain Filon, me raconte entre deux ateliers pour enfants, sa passion pour son métier de potier.
Tout d’abord choisir la terre… La « chamottée » servira pour la confection de grosses pièces et structures comme les vases. Car cette matière, mélangée à du sable, est plus solide. Elle se différencie d’une terre fine, plus fragile, qui sera utilisée pour la faïence.
Ainsi le potier fabriquera une pâte en ajoutant de l’eau à l’argile, après avoir tamisé l’ensemble. En effet, des impuretés sont à retirer avant une décantation de 24 heures.
Argile, matière de création
Sylvain pèse l’argile à modeler avant chaque confection. Puis battre l’argile pour qu’elle soit homogène est comme un jeu d’enfant !
Le tour à main alors concentre l’attention du potier alors que la magie opère.
Le centrage (mettre la terre au centre sur le tour par pression des mains) est la première étape. Monter une pièce avec des parois régulières en dépend. Creusage, puis apparaît le mur de la poterie qui déterminera la forme de la pièce.
Sous ses doigts, à la force du poignet et de son inspiration, des formes se succèdent pour créer une carafe d’eau ou autre ustensile de table.
Quelques instants nécessaires pour dessiner un volume utile et magnifique !
Finition d’une oeuvre
Puis la finition s’accompagne de gestes techniques et précis ; ainsi l’estèque termine les ébauches du potier alors que le caillou polit la beauté de l’objet. Les mirettes aussi (rondes, triangulaires, courbes) affinent le travail ou creusent des sillons dans la sculpture.
Parfois la pièce sera ajourée par un « pic » 24 heures après la fabrication selon l’objectif visé : une bonbonnière, une applique-murale…
Le séchage à température ambiante durera de 1 à 7 jours. La cuisson environ 8 heures dans un four (gaz ou électrique) atteignant les 1000 degrés. Il faut savoir qu’avant cuisson, la terre peut être aussi fragile qu’une coquille d’œuf !
Travail en série
Souvent les commandes se font en série ; ainsi le potier manipule l’argile pour le même objet afin de répondre aux sollicitations des acheteurs.
La carafe d’eau, le bol, le mug… sont les plus vendus, après une vitrification arborant de belles couleurs dégradées. Cette glaçure (ou émail) déjà toute préparée, au-delà d’embellir l’objet, lui accorde son étanchéité.
Ce procédé est arrivé en 1985 à la poterie des Trois-Ilets, alors que la manipulation de l’argile est un héritage des amérindiens… autre temps d’arts caribéens !
Association « Les hommes d’argile »
Pour ceux qui suivent le carnaval, nul doute que vous avez repéré Sylvain et les membres de son association « Les hommes d’argile ». Tableau vivant qui s’arrête devant nous… en suspens pour un mime de gestes quotidiens.
La promotion d’un savoir – faire est au centre de ce projet qui défile au vidé depuis 25 ans ! Cela est devenu un paysage incontournable du patrimoine culturel, me confie fièrement le potier.
De là, à éveiller un intérêt pour les nouvelles générations ?