Le Togo … au bout de la route
Le Togo en quelques chiffres
10 fois moins grand que la France, le Togo fait partie des plus petits états africains. Ce pays tire son nom de l’actuelle Togoville, qui se distance de 50 km de Lomé, capitale du pays. 5 régions définissent ce territoire, des Savanes au nord à la zone maritime au sud.
Situé à l’Ouest de l’Afrique, le territoire se profile entre le Ghana, le Bénin à l’Est, et le Burkina Faso au nord. Ses longues plages côtières sont dessinées par le Golfe de Guinée.
Sa particularité rectangulaire (600 km sur 100 km) lui accorde une superficie de moins de 57 000 km2.
A peine 10 millions d’habitants donnent une densité de 164 hab/km2, dont la plupart se concentre au sud pour les échanges commerciaux. Le secteur central étant plus difficile d’accès avec les montagnes d’Atacora.
Pas moins de 44 langues parlées s’y confrontent même si le français reste la langue officielle, l’éwé étant la seconde langue du pays.
Un peu d’histoire …
Le pays Bassar au centre et au nord du Togo est devenu, à partir du VIIIe siècle, l’une des principales régions de production métallurgique d’Afrique de l’Ouest.
Les Bassar, les Tamberma et les Kabyés se trouvaient déjà dans les régions montagneuses lorsque arrivèrent des populations déplacées par les événements qui déstabiliseront durablement le continent. La traite de la population noire, l’introduction de fusils ou encore les apports des colporteurs musulmans seront source de terribles et dévastateurs affrontements.
Exploré par les Portugais dès 1470, puis par les allemands en 1884, le Togoland était un large territoire qui fut morcelé entre les anglais et français à la fin de la 1ère guerre mondiale. La partie british devenant le Ghana et la française le Togo, qui signifie « derrière la falaise ».
L’indépendance fût signée le 27 avril 1960 et le 1er président Sylvanus Olympio, emmenait le pays vers la modernité. Depuis de nombreuses turbulences politiques existent, surtout lors des élections présidentielles, qui reconnurent Faure Gnassingbé comme successeur de son père (ethnie des Kabyés).
Situé dans le quartier Agoè à Lomé, le monument des Deux Lions se trouve au Carrefour de La République. Cette statue symbolise le courage du peuple togolais et illustre les armoiries du Togo.
Un carrefour symbolise cette indépendance par une immense flamme allumée tous les ans à cette occasion. Une forme humaine se devine par le vide de la sculpture.
Un autre carrefour, inspiré du célèbre dessin de Pablo Picasso, montre la Colombe de la Paix, réalisée par le sculpteur italien Franco Adami.
Colombe que l’on retrouve sur les murs de l’université de Lomé.
Lomé, une capitale entre tradition et modernité
« Au milieu des plantes d’Alo » traduit en langue éwé, la belle Lomé borde le littoral du Golfe de Guinée.
Ses restaurations de plage, ses hôtels de luxe et ses bâtiments bancaires contrastent avec les bicoques plus vétustes des autochtones, les pirogues des pêcheurs ou encore le vrombissement des zémidjans (taxis-motos qui veulent rattraper le temps !).
Mais ces petits véhicules transportent également des hôtes insolites, partant à la chasse… avec leur maître !
À 2,8 km du centre-ville, le Grand Marché de Lomé est le cœur battant de la ville. Tout y est … sur place ou ambulant sur les têtes des togolaises qui repèrent le chaland. Le royaume des célèbres “Nana Benz”, commerçantes florissantes qui régnaient en véritables reines sur leur étage, vaporise encore cette magie du commerce, malgré leur disparition depuis un énorme incendie en 2013. Les pagnes, alors fabriqués sur place, voyageaient jusqu’en en Europe, en Inde…
La cathédrale du Sacré-Cœur, de style néo-gothique allemand, s’y trouve et rappelle la forte concentration de chrétiens sur le territoire. Même si la religion traditionnelle, l’animisme, y a de très nombreux adeptes.
Ce lieu fort célèbre reçut Jean Paul II pour une messe en aout 1985.
Ambiance togolaise
Les déplacements en voiture sont conseillés, un chauffeur pendant le séjour pouvant vous offrir maintes explications sur les us et coutumes. Ainsi David (président de l’association M.I.D.) m’a accompagné dans cette petite fourmilière humaine qui se laisse découvrir tranquillement.
Les voies principales, au nombre de “3 corridors routiers”, donnent accès aux grandes villes (Kpalimé, Atakpamé, Kara …), puis la piste finalise la course, plombant le timing d’une façon certaine !
Le Nord du pays, frontalier du Burkina et du Bénin, reste peu conseillé voire interdit nécessitant une autorisation de l’état.
Aux alentours de Lomé
Aného, par 2 fois capitale du Togo, attend nonchalamment le retour de ses pêcheurs. Le Bénin est à proximité et les prises se font rares et lointaines.
Les couleurs des pirogues arborent la multiplicité des croyances et des drapeaux, alors que les poissons – lait arriveront sur les étals.
La maison des esclaves, ou Wood House, est un arrêt indispensable lors d’un séjour, même si les explications restent menues comme le montre la sobriété du lieu. Elle se situe dans le quartier de Lakomé, dans la ville d’Agbodrafo.
La traite négrière au Togo passait par ce lieu pour opérer un commerce illégal d’esclaves, en raison de l’abolition du traitement transatlantique des esclaves en Angleterre en 1807. Cette maison a été utilisée jusqu’en 1852.
Le guide de l’endroit a salué ses frères martiniquais et a insisté pour que je les “rappelle à la mémoire du Togo”.
Au bord d’un immense lac, Togoville, 12 000 habitants, est à l’origine du nom du pays et se caractérise par une population à 80 % de religion vaudoue et 20 % de religion chrétienne, haut lieu spirituel ayant suscité la visite du Pape Jean-Paul II.
Une célèbre icône a d’ailleurs regagné la cathédrale par pirogue, la vierge étant apparue sur les eaux un siècle plus tôt.
Le village est érigé aussi de statues liées au vaudouisme avec des offrandes au regard des rituels populaires.
Une place unique sur l’ensemble du territoire permet tous les mercredis un troc entre marchandises. En mémoire aux ancêtres, la balance n’existe pas, si ce n’est la confiance d’échanger au juste prix.
Quelques mots sur la pratique du Vaudou
Le vaudou est un mélange de rituels provenant des Ashanti au Ghana, des Yorubas du Nigeria et du Bénin. Ce culte vise à adorer un seul dieu, le “Mahu” ou le “Sègbo-Lissa“. La ville de Ouidah au Bénin, avec son célèbre temple des pythons et sa forêt sacrée Kpassè, est considérée comme la capitale du vaudou.
Au Togo, avec plus de 200 divinités, plus de la moitié de la population pratique ce culte, surtout dans le Sud, dans des couvents gardés par des prêtres et prêtresses.
Ces lieux sont facilement repérables avec leur drapeau “blanc, rouge et noir”. Le culte Vaudou s’est propagé avec la traite des esclaves jusqu’aux Caraïbes, en Louisiane et au Brésil.
Il y aurait aujourd’hui plus de 55 millions d’adeptes du culte vaudou dans le monde.
Ainsi la pratique est usuelle même pour des chrétiens qui ont besoin « de forces spirituelles complémentaires ».
La prêtresse Sika m’explique ces coutumes, qu’elle pratique depuis l’âge de ses 15 ans. Après les consultations que son époux réalise, elle peut ainsi organiser des cérémonies pour accompagner les « demandeurs » dans leur quête.
D’ailleurs au marché des féticheurs, il y a tout sous la main et bien plus encore…
Près de Kpalimé
A 130 km au nord de Lomé, la route invite à la découverte des cultures vivrières du pays : tomates, avocats, ananas braza ou arachides tentent les papilles, même si le fufu (igname bouilli et écrasé) plat traditionnel jalonnera les pauses de l’estomac.
La ville de Kpalimé permet d’accéder au Mont Agou, le pic culminant du territoire effleurant les 1000 mètres et la cascade de Womé.
Lieu de fraîcheur, et spirituel pour les autochtones, le bain est mérité après la descente de ses « moins de 335 marches ».
Un jardin botanique, à Kuma Konda, où un guide explique également les cultures du café et des cabosses du cacao, alors que des artistes y célèbrent en ce lieu la peinture végétale comme Agbo Kosi.
Womé garde ses traditions, comme la plupart des villages éwés.
Le gong retentit et une poignée d’hommes, les guerriers ou assafo, prononcent un hymne pour ramener l’âme d’un jeune du village tué au Bénin ; indispensable cérémonie, pour la paix de la famille et du corps, qui ne sera alors pas « récupéré » par une personne malveillante. Par décence, je n’ai pas pris de photos, là où la mort s’exprimait … De l’eau et du sodabi (eau-de-vie locale), sont alors support du voyage éthérique jetés sur la route et bus par les guerriers.
Mémorable instant…
Sur la route d’Agou …
L’huile de palme est communément appelée huile rouge à raison de sa couleur et de sa texture. Elle peut être fabriquée sur le bord de la route par les femmes du pays. C’est une huile végétale extraite de la pulpe des fruits du palmier à huile (Elaies guineensis). Alors que du noyau, l’huile de palmiste ou énémi (de couleur ivoire) sera produite.
Après de nombreuses étapes, ce liquide finira dans la plupart des plats togolais. Cela donnera un gout doux voire légèrement sucré.
Même les fibres, appelées kpélébé en langue locale, serviront à allumer le feu.
Fiche pratique
Y aller : 6 h 30 de vol de Paris ; compagnie Air France ou autres. 4 heures de décalage horaire avec la Martinique.
Visa obligatoire : ouvrir un compte sur le site Togo voyage (obtention en moins d’une semaine) et passeport en cours de validité.
Conseils sanitaires : médicaments antipaludéens et eau encapsulée.
Acheter une carte SIM (Moov Africa) à l’aéroport (grande couverture territoriale) sinon WIFI dans les hôtels ; changer de l’argent (1 euro = 656 CFA) à retirer dans les distributeurs (GAB) des villes.
Rappel sur la monnaie : Le franc CFA a été créé en 1945 par la France pour les colonies africaines. CFA signifiait alors “Colonies Françaises d’Afrique”. Après l’indépendance, CFA est devenu “Communauté Financière Africaine” pour l’Afrique de l’Ouest. Le Togo fait partie de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), qui utilise le franc CFA comme monnaie commune.
Se déplacer en voiture, au mieux avec un chauffeur.
Association M.I.D (Mission Internationale de Développement) / Email : togomid2022@gmail.com, tél (00228)90327412ou 99771605 S/C01BP:1948 Lomé – Togo
Atelier de l’artiste Agbo Kosi.