Le siak … un son délaissé voire oublié ?

Le siak, une tonalité des mornes

Siak et Michel AmataLe siak est un son des plus anciens…

On oublie cet instrument des plus rudimentaires, qui fait l’arrière – fond musical coutumier des fêtes familiales et autres. Musique de troubadour qui remonterait An Tan Lontan, me raconte Michel Amata, joueur depuis sa plus tendre enfance.

Sous le brasSon beau-père l’a initié ainsi que ses deux autres frères au Lorrain, au quartier Carabin. Ce metpiès, avec son ami Déchiré, ne jouaient alors qu’à Noël, et arrivaient chez les voisins avec leur siak sous le bras.

Michel se souvient de cette ambiance chaleureuse où le tanbou, le chacha et la bouteille frappée par la cuiller donnaient cette cadence chaloupée ; le cochon grillé n’était pas loin et les musiciens humaient en jouant… avant de se revigorer !

Rythme cadencé et orchestré

Bambou long

Le son était alors spontané. Pas de répétition pour des sonneurs qui ne se définissaient pas comme musiciens.

Le mouvement de base « le waptoupatou » suffisait alors pour accompagner toutes les danses du moment. L’instrument à percussion jonglait ainsi sur la mazurka, la valse ou encore la biguine.

Faire partie d’un groupe musical s’est décidé pour Michel Amata, lorsque l’orchestre de nwel « Mazincoin » lui proposa de compléter l’équipe de musiciens. Une aventure aux alentours de 2010, qui a permis à Michel d’améliorer l’instrument en le posant sur un pied et lui installant une micro-cravate. En effet, le son est parfois peu audible, voire couvert sous l’alliance des différents instruments d’où une ingéniosité nécessaire.

 Le savoir-faire d’un frère

Il y a plus de 40 ans, un de ses frères confectionna le siak qui permet, encore aujourd’hui à Michel de produire une cadence qu’il apprécie tant. Lors d’un repas familial, autour d’« un petit bœuf », l’accordéon joué par le fils, et un « coup de siak » feront vibrer la chaumière. Ou plutôt la porte, me rappelle Michel, car à l’origine l’instrument se positionnait contre du bois pour amplifier la résonnance.

Long ou court, le siak se joue différemment mais toujours provenant du gran bwa, comme on disait. Deux entre-nœuds de bambou, assemblé par un mince fil de fer, puis cranté par un couteau pour dessiner les dents… et l’instrument est crée.

Les petites baguettes sont également construites avec deux diamètres distincts pour une sonorité aigue (à droite) ou plus basse (à gauche).

Aujourd’hui l’utilisation du siak ?

La Haute Taille garde cette ancienne sonorité si particulière car le siak y trouve toute sa place d’accompagnement… Par contre « presque dans les oubliettes » pour les rares occasions festives, me confie Michel.

La nostalgie s’inscrit donc entre les notes quand le musicien fait grimper le tempo au son de sa voix. Un moment plein d’émotions subtiles qui nous transportent hors du temps pour un moment apprécié…  et animé.

Au son du vent également !! 😉 car je n’ai pas le matériel adéquat mais n’ai pas pu résister au partage de Michel !