Le danmyé, une manière de vivre identitaire

Le danmyé, des origines lointaines

Prise de mains Danmyé

Lutte ou danse ?

Il s’agit plutôt d’un combat réglementé par Lawonn Danmyé Ladja Matinik, fédération des associations pratiquant le Danmyé, m’explique Kwadwo de lassociation ADPKM.

Combat et prise renverseeBien encadrée, la discipline aujourd’hui interdit tous les coups mortels et évite, tant que possible, les blessures chez l’adversaire, à la différence des années passées, où l’affrontement entre majors représentait la loi du plus fort, avec une confrontation sans merci des grands combattants.

 

Les fêtes patronales et le Samedi Gloria étaient ainsi des journées calendaires bien représentatives de cette pratique.

Héritier des traditions guerrières et des cultes africains, l’art du danmyé résulte d’un brassage de ressources pour se défendre et faire front à la violence orchestrée.

Pratiqué uniquement en Martinique, il se rapproche de la capoeira brésilienne, ou encore du sové vayan guadeloupéen.

Un rituel bien défini

Les entrainements ainsi que les rencontres commencent aujourd’hui par un salut en commun des musiciens, combattants et assistants appelé Lonè-respé, par lequel on prend le soin de rendre hommage aux ancêtres et de s’assurer du respect de la pratique et du respect mutuel.

Chanteurs Danmyé

Monter au tambourTout d’abord le chantè (chanteur) commence, puis suit lavwa-dèyè (ou chœurs), ensuite le bwatè (joueur de ti-baw) et enfin le tanbouyé pour inspirer voire galvaniser le combattant. Chaque pratiquant observe un rituel, qui permet un échauffement et une concentration à la hauteur du combat envisagé !

Des petits pas, des sauts en cadence… pour une « montée au tambour » afin de s’imprégner et de puiser une énergie hors du commun.

Le cercle, synonyme d’énergie, délimite d’ailleurs l’exercice de cette pratique qui se déroule le plus souvent dans des espaces publics.

Tanbouyé

Femme tanbouyé

On rentre dans la ronde pour vaincre, mais on en ressort gagnant quel que soit le résultat. Car le respect dans l’adversité prône cette valeur au-dessus de tous les combats. Le regard, l’accolade le communiquent … Bien sûr, on savoure la performance technique, sportive et artistique mais on devine un « mode à penser » volontaire et omniprésent, fil rouge de cette « manière de vivre ».

main danmyé

Danmyé

Des codes et gestes précis définissent le rituel où coups de pied (dékoupé, alawonn, vach …) et coups de poing (défonsé, rabat…) sont permis.

La lutte est intense, où l’adversaire peut être soulevé et plaqué au sol.

Des arbitres et des assistants, depuis une dizaine d’années environ, sont garants du bon déroulement du combat.

Danmyé combattants au sol

Le danmyé, une manière de vivre

  Alors que cette pratique a disparu comme option au baccalauréat, elle reste au cœur d’une identité culturelle chère au peuple martiniquais. Plus qu’un art martial, il s’agit d’une clef de voûte, d’une source essentielle pour une société en recherche de repères, d’après Kwadwo.

Une hygiène de vie, dictée par « ce qui nous entoure », et non une « société buvard » qui adopte les nouveautés sans compter. Un ancrage nécessaire qui serait salvateur pour des jeunes, aujourd’hui consommateurs plus que de besoin.

Femme combattanteL’aujourd’hui permet l’accessibilité du danmyé à tout public. L’enfant dès 5 ans peut s’y adonner selon ses centres d’intérêt. Et les femmes y participent, même si la majorité reste masculine, de plus en plus fréquemment.

Cette manière de vivre s’articule aussi autour d’une terre nourricière, où le koudmen est une des valeurs fondatrices. Dans le même ordre d’idées, la pratique du lasotè, rejoint ce courant de pensées s’appuyant sur l’idée d’entraide et du vivre ensemble.

« Manger danmyé, respirer danmyé, se lever danmyé… » un registre d’émotions, de représentations et d’actions au service d’une culture profondément identitaire.

L’association ADPKM (Asosiasion pou Défann ek Palantjé Kilti Matinik)

Ceremonie

Hommage V. ABATUCICréée en 2009, l’association, présidée par Flora Germain, déploie 4 thématiques : à savoir une section théâtre, une pratique du « bèlè et danmyé », un atelier « écrire et parler créole » et un cours de haute-taille.

Fête ADPKM Hommage abatuciUn des objectifs est de « s’approprier des valeurs culturelles traditionnelles » et « d’organiser des échanges intergénérationnels pour une transmission des anciens aux plus jeunes ».

Ce vendredi 29 juillet, au marché de Rivière-Pilote, Mr Abatuci Victorius était mis à l’honneur lors de la quinzaine culturelle.

Fort de ses 87 ans, et de son extraordinaire expérience, les membres de l’association ADPKM ont marqué ce grand rendez-vous ! Un hommage vibrant, au cœur d’une chorégraphie dédiée, pour celui qui, depuis l’âge de ses 9 ans, porte haut en couleurs la pratique et l’esprit du danmyé. Transmission assurée…

Flora Germain Victorius Abatuci