Domaine de la Pagerie, un rappel de l’histoire

Domaine de la Pagerie … et un prénom

Histoire de Joséphine de Beauharnais

C’est à la Pagerie, ancienne habitation-sucrerie, qu’a vécu Marie Josèphe Rose de Tascher de La Pagerie, dite Joséphine de Beauharnais, future impératrice de France par son second mariage avec Bonaparte.

Elle serait née en juin 1763 aux Trois-ilets, baptisée dans cette commune, même si des questions restent en suspens. Ce que l’on sait par contre, c’est qu’à l’âge de 3 ans, elle vivait avec sa famille au Domaine de la Pagerie, entourée de sa Da appelée Marion.

Elle y vivra jusqu’à ses 16 ans.

Domaine de la Pagerie

L’habitation principale a été dévastée par un terrible ouragan qui ne préserva que la sucrerie. Il s’agira alors pour la famille de s’appuyer sur les ressources de l’exploitation afin d’assurer le capital immobilier ; Du fait de la mauvaise gestion du père de Joséphine et probablement aussi à cause du cyclone de 1766, l’habitation va péricliter.

Histoire de famille…

Alexandre de Beauharnais, fils de gouverneur, est le premier mari de Joséphine. C’est par son second mariage, en 1796, que Joséphine devient la première dame de France apportant ainsi une aide financière à sa famille.

Mais sans donner d’héritier au trône, elle divorça alors que ses enfants se désintéressaient du bien et se séparèrent du Domaine de la Pagerie, après sa mort, en 1814.

Role de Josephine

En Martinique, le nom de Joséphine est souvent lié au rétablissement de l’esclavage en 1802 par Napoléon 1er, ce qui explique la détérioration régulière de sa statue sur la place de la Savane à Fort-de-France. Pourtant à cette époque, l’île est sous domination anglaise.

 

Il n’y a pas de traces écrites de la supposée responsabilité de Joséphine dans le rétablissement de l’esclavage. On sait qu’elle a grandi dans une famille esclavagiste. sur une habitation entourée d’esclaves jusqu’à 16 ans, a été propriétaire de l’habitation entre 1807 (décès de sa mère) et 1814, année de sa mort.

Les écrits ne nous disent pas non plus qu’elle aurait milité pour la fin du système esclavagiste, bien que sa Da fût émancipée, à un âge avancé, pour avoir été la nourrice de l’impératrice.

Un homme, Rose-Rosette pour un travail profond de la Mémoire collective

https://la1ere.francetvinfo.fr/docu-robert-rose-rosette-sauve-de-l-oubli-le-domaine-de-la-pagerie-patrimoine-historique-de-la-martinique-1133599.html

Robert Rose-Rosette, né en 1905, est passionné et fasciné par les ruines de la Pagerie. En 1944, l’homme vétérinaire acquiert cet endroit avec ses propres deniers. Son épouse Simone et quelques amis, en feront avec lui un haut lieu d’Histoire.

Le musée Joséphine est d’ailleurs inauguré en 1954.

Lady Churchill, Jacques Chaban-Delmas, Mme Giscard-D’Estaing… visitèrent ce lieu témoin de la période esclavagiste. Avec l’idée d’une « ouverture de la Martinique au monde » pour redonner une identité peu (re)connue.

Cuisine

Ce visionnaire en fera le musée le plus visité de la Martinique et y consacrera 40 années de sa vie. Il mettra à jour alors des secrets enfouis par le temps et mettra en lumière les fondations du moulin, la sucrerie, un petit canal… et fera visiter les différents espaces de l’Habitation jusqu’aux plantations de cacao sur le morne.

Cuisine - Pagerie« Rendre visible l’Histoire, afin de mieux la connaitre… ».

Un lourd passé colonial et esclavagiste inscrit dans les murs et murmures « pour voir demain », rapporte sa fille Françoise dans un documentaire intitulé « Celui qui a renoué avec le passé ».

Les propriétaires Rose-Rosette vendront ce lieu au département de la Martinique en 1984. Devenu complexe muséal (associant le parc des Floralies et la villa du Dr Rose-Rosette transformée en annexe scientifique), il appartient au Conseil Général de la Martinique jusqu’en 2015. Ensuite propriété de la Collectivité Territoriale de Martinique.

Le 1er musée ethnographique

Faire tomber les murs - Domaine de la Pagerie

Considéré comme le 1er musée ethnographique de la Martinique, ce site permettra, au gré des projets, de saisir concrètement le fonctionnement global d’une habitation-sucrerie. En effet, les bâtiments (moulin à cannes, cuisine…) du domaine devraient bientôt être complétés par une rue case-nègre que des fouilles archéologiques aideront, espérons-le, à re-situer.

Maison cuisine

Jusqu’à 350 esclaves ont été « répertoriés » sur cette habitation qui a atteint jusqu’à 500 hectares au milieu du 18ème siècle.

L’historienne Jessica Pierre-Louis a pu, grâce à l’extrait de l’inventaire de 1815 (pour la succession de Joséphine), identifier 115 d’entre eux, leur rendant un hommage poignant sur une plaque murale où leurs prénoms, métiers, valeur marchande… apparaissent. Leurs conditions de vie et leur histoire sont aussi contées comme celle d’Émilie. Esclave domestique au service de la mère de Joséphine, elle a essayé de l’empoisonner et sera par la suite exécutée.

D’ailleurs un projet de restitution (sonore et visuelle) de son procès est à l’étrier.

Nouvelle muséographie de la Pagerie pour « faire tomber les murs »

Ghyslain Norca, l’un des guides conférenciers au Domaine de la Pagerie, nous explique avec beaucoup d’enthousiasme les projets à venir mais aussi la future réhabilitation de la sucrerie.

Ghislain Norca Domaine de la Pagerie

Malle - Domaine de la Pagerie

 

Ce lieu, par la naissance d’un personnage illustre intéresse bien sûr les locaux, mais aussi des touristes bien au-delà des frontières hexagonales, puisque Joséphine, par son mariage était reine d’Italie.

Le nettoyage du bâti, le chantier de fouilles archéologiques, le legs des héritiers de Rose-Rosette … et l’arrêt dû à la « période Covid » ont impulsé une nouvelle énergie à l’équipe de Mme Manuella Yung-Hing(responsable du domaine de la Pagerie).

 

Ainsi une muséographie originale voit le jour en janvier 2021 valorisant le patrimoine martiniquais, et surtout les personnes réduites en esclavage sur ce site et qui les fait passer « de l’invisible à une pleine lumière… ».

Les mornes

Une visite riche d’informations sur les empreintes du passé. A (re)découvir sans hésitation.

Texte relu et enrichi par Mr Norca Ghislain.

Fiche pratique du Domaine de la Pagerie

Lieu : La Pagerie, D38, Trois-Ilets (Martinique) / en face du golf.

Entree Domaine de la Pagerie

Horaire : Basse saison (1er Mai- 30 Novembre) : 9H à 16H30 du Mardi au Vendredi et 9H30 à 14H30 Samedi et dimanche (fermé le lundi)

Haute Saison (1er Décembre – 30 Avril) : 9H à 16H en semaine et week-end (fermé le lundi)

Tarif : 4 € (adultes) / 1€ (enfants) / Gratuit le dernier samedi du mois

Conférences et ateliers selon la programmation

Contacts : TEL : 05 96 807 100 – Mail : museedelapagerie@collectivitedemartinique.mq

Pour aller plus loin…

  1. Robert Rose-rosette Passion Martinique
  2. Livre de Simone Mornet, « L’esclavage, histoire de héros, une grand-mère raconte à ses petits-enfants ».

Livre Esclavage

Avec le précieux concours de Christian Jean-Etienne, du Comité Devoir de Mémoire de Martinique, qui a fait connaitre à familyevasion cet ouvrage dédicacé comme « une manière de s’approprier la complexité de notre Histoire et la valeur de la transmission ».