Bertrand Caruge, la revendication du nomadisme journalistique
Bertrand Caruge, une enfance voyageuse
Né à Dieppe (Normandie) de parents martiniquais, Bertrand Caruge se retrouve sur sa terre d’accueil, la Guyane, dès l’âge de ses 5 printemps. Il en fera son terrain de jeu et sa terre de cœur, là où les copains partageaient avec lui les sorties de pêche ou la chasse à l’iguane.
Formaté, dit-il, par cette mentalité guyanaise qu’il perçoit « moins trépidante » et « moins volcanique » que celle du territoire martiniquais. Difficile à 13 ans de se retrouver sur la terre de ses aïeux, à laquelle il ne s’identifie pas vraiment, jusqu’à l’entrée au lycée.
Le malaise d’ado s’estompe alors progressivement au son du tambour et au fil des discussions géopolitiques. Se construire en tant que citoyen martiniquais sera alors la quête identitaire, synonyme de conscientisation et d’implication dans l’environnement sociétal.
L’assemblage des terres nourricières « guyano-martiniquaises » deviendra alors une évidence et un tremplin porteur de richesses culturelles complémentaires.
La littérature au berceau
Encouragé par une mère enseignante, Bertrand Caruge ne cessera de s’intéresser à la lecture tous azimuts et à l’ouverture d’esprit qui en découle. Il dévore les pages des aventures les plus romanesques aux magazines d’actualités les plus sérieux. Aller à la source d’informations sera donc son cheval de bataille…
A bonne école, son sens d’observation, son goût de comprendre, et son envie de partager, le feront s’orienter, après des études en Relations internationales et une maîtrise d’histoire, tout naturellement vers le journalisme.
En 1990, de retour en Martinique, le métier s’inscrit dans les veines comme une « manière d’être ». Travailler dans la presse est donc un crédo. Mais les places sont chères, et dans l’attente de concrétiser son vœu, l’expérience de « gérant de crêperie » ou d’« expert en assurances » contribuera à la connaissance sociologique profonde de la Martinique. Un discernement de l’Autre qui ne le quittera pas…
Ce métier, une raison d’être
La notion d’interface, confortée par l’idée d’être témoin, sera le fil rouge pour ses nombreux reportages d’« ici et ailleurs ». Le « passeur d’informations » sillonne ainsi les mornes et les vallées dans l’espoir d’apporter sa pierre à l’édifice Madinina.
La Martinique se bâtit grâce une vérité journalistique, qu’il cherche et audite en toute intégrité. Ses rencontres professionnelles sont alors variées de la politique au monde associatif, passant par la mouvance écologique.
Thématique particulièrement défendue par l’homme public, qui n’hésite pas à afficher ses convictions, chlordécone en tête…
Son empreinte et sa touche personnelle fleurissent dans l’émission qu’il porte depuis près d’une dizaine d’années. Sa zot ka di, une façon d’être proche d’un public qu’il affectionne… Le journalisme positif et social est alors au cœur des échanges pour donner la parole à ceux qui réalisent, à ceux qui bâtissent… « Capter la parole pour la restituer ».
Bertrand Caruge, dans la simplicité de transmettre, nous fait comprendre par sa conscience professionnelle et son engagement personnel, qu’il est bon de vivre en toute « liberté et lucidité » pour avancer…
« Un homme droit dans ses bottes… » aurait résumé ma grand-mère.