Au Marin, les sursauts de l’histoire…

Marin, un des premiers sites habités en Martinique

Fresque murale Mur caraïbe sur l'enceintre du centre hospitlier du Marin

En 1660, une paroisse est fondée au « Cul-de-sac de Saint-Etienne du Marin ; le 1er dénombrement de l’île (ordonné par Colbert en 1664 et bien après les Amérindiens) compte alors 199 habitants (contre 1840 aujourd’hui).

Dessins amerindiens

Connu par de nombreux plaisanciers, le Marin grâce à sa baie protégée, est devenu un vaste abri anticyclonique. Maintenant la commune du Marin « tournée vers la mer » porte un regard pacifique sur le canal de Sainte-Lucie.

Mais il n’en a pas toujours été le cas… puisque de nombreuses batailles navales contre les Anglais alimentèrent les scènes marinoises jusqu’au début du XIXème siècle.

Pointe Borgnese - sud de la Martinique - Marin

Ce site a été un port important de commerce et militaire. Son emplacement est unique (avec celui de Sainte-Anne, autrefois rattaché à cette paroisse) car la commune allie la côte Caraïbe et la côte Atlantique.

Le fort du Marin aujourd’hui rasé s’érigeait à la place de l’actuel restaurant scolaire. Les forts de la pointe Borgnèse et de la pointe Dunkerque contrôlent alors l’entrée de la baie.

Une rue, une révolte : « Gloriyé septanm 1870 »

En remontant vers l’église, un panneau « ex rue du puits, sur les traces des insurgés » a été inauguré le 26 septembre 2020 (150 ans après l’insurrection) en mémoire de Lubin, cantonnier de la commune, qui se vengea de Augier de Maintenon ; revenant de la messe ce dernier l’avait cravaché pour un droit de passage. Le dimanche suivant Lubin lui tend un guet-apens d’où la vengeance fut signée.

Ex rue du Puits

La justice, dont Codé (propriétaire de l’habitation à Rivière-Pilote, actuellement la Mauny) était juré, condamna Lubin au bagne à Cayenne. La population en soutien à Lubin, brûla alors les champs de canne aux alentours et sonna la révolte qui finit dans un bain de sang, avec l’assassinat de Codé lui-même. Les auteurs du crime furent fusillés au jardin Desclieux à Fort-de-France, certains ont été condamnés au bagne en Nouvelle-Calédonie et d’autres par contumace (tel Louis TELGA qui mourut tardivement à Ste-Lucie).

Eglise saint-Etienne

 

La plaque commémorative est en fait la 1ère qui matérialise le début de « parcours des insurgés ».

Neuf autres lieux (Vauclin, Saint-Esprit, Sainte-Luce, Sainte-Anne, Rivière-Salée, dont quatre à Rivière-Pilote) raconteront ces faits historiques qui sonnèrent l’insurrection du Sud en 1870.

Une œuvre d’art réalisée par le Campus Caribéen des Arts permettra de suivre le cours de l’Histoire.

L’église, un des seuls édifices du passé

Remontons la rue du puits et tournons-nous vers le plus ancien édifice de la commune. L’église de style jésuite  est construite en 1766 avec les économies du Père Capucin Jean-Marie de COUTANCES. Elle sera agrandie au XIXème par deux chapelles latérales.

La nef centrale - Eglise du Marin

Le clocher s’élève à droite du bâtiment principal : cette disposition est unique en Martinique. La nef de l’église a une charpente en bois en forme de carène de bateau renversée, ce qui la rend célèbre sur l’ensemble du territoire. Restaurée, il y a peu de temps, comme à l’origine avec du bois angélique de Guyane, couverte de tuiles écaille.

Le maitre-autel était destiné à la Cathédrale de Lima au Pérou, mais le navire a fait naufrage sur les côtes dangereuses du Cap à l’Est du Marin. Il aurait alors été acheté par les bienfaiteurs de l’église.

Le maitre-autel - Eglise Saint-Etienne au Marin

La Sucrerie De Gentille

Ancienne sucrerie du Marin

Bien longtemps nous avons remarqué les ruines esseulées et rouillées de l’usine du Marin.

Usine du Marin

Dans les années 40-70, l’usine sucrière était l’une des plus importantes de la Martinique. Elle ferma en 1969 alors que les champs de canne ont progressivement disparu ; les bœufs, les chevaux, les mulets, les « cabrouets », les ferry-boats, et même les trains ont disparu. Quant aux travailleurs, ils se sont reconvertis en d’autres activités.

La famille Duquesnay au Marin

Statue P. O. DUQUESNAYLes Duquesnay sont des notables de longue date au Marin, élus pour certains. Pour l’un d’eux, Osman DUQUESNAY, médecin, combattant de guerre, maire et député de la Martinique, sa statue est debout sur la place Joffre. Lui rendant un hommage depuis janvier 1935.

Léandre LITAMPHA, 1er mai 2018

 

Il y a encore beaucoup à raconter sur ce bourg du Marin, mais abrégeons !

Texte écrit après un entretien avec Léandre LITAMPHA et issu de ses propres documents, gracieusement partagés.

 

 

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