Saint-Pierre : mois de mai et son mémorial
Sur la route de Saint-Pierre…
Assis sur un muret tournant le dos à l’office du tourisme, je regarde la mer se jeter avec fracas à mes pieds.
Parti en milieu d’après-midi j’emprunte la route du Nord-Caraïbe : Fort-de-France, Schoelcher avec ses quartiers (La Batelière à La Colline…), Case-Pilote et son église Notre-Dame de l’Assomption de 1640, Bellefontaine hébergeant la centrale électrique à Fond Laillet et desservant le canton suisse de Morne-Vert.
Puis le Carbet nous accueille avec la distillerie Neisson produisant un rhum que les initiés dénomment « Zepole’Karé ». Plus j’avance, plus la végétation devient squelettique. A la fin du carême, la saison brûle la tête noire des versants de la montagne Pelée.
Baie de Saint-Pierre
La voilà qui surgit ! Rebelle et fière, au fond d’une baie ouverte au vent et abritant de beaux voiliers. Saint-Pierre… L’histoire chargée de culture (la biguine jouée à la clarinette y est née), d’échanges commerciaux et de toute une vie libertine en faisait la capitale de la Martinique avant la catastrophe. Certains osent dire que la frivolité des mœurs y a été punie…
Le 8 mai 1902, la Montagne Pelée a rappelé qu’elle était un des volcans les plus dangereux de la planète. Au petit matin, elle explosa envoyant une onde de pression atmosphérique si importante que les structures s’éventrèrent. Puis une nuée ardente embrasa tout sur son passage.
L’entrée en enfer… les vieux gréements amarrés dans la baie ne furent pas épargnés alors que près de 30 000 morts en un claquement de doigts étaient dénombrés. Puis un exode massif jusqu’en Guyane à Remire-Montjoly.
Mémorial de la catastrophe de 1902
Aujourd’hui, l’ouverture – le 8 mai 2019 – d’un mémorial de la catastrophe de 1902, (musée Frank A. Perret géré par la Fondation Clément) nous le rappelle. Celui-ci domine la baie sur une place réaménagée avec des canons dirigés vers le bleu soutenu de la mer caraïbe…
Ironie du sort car aucune arme ne peut protéger de la puissance dévastatrice de ce volcan ! Si particulier puisqu’il a donné le nom d’éruption péléenne à cette nuée ardente.
Le mois de mai à Saint-Pierre est consacré à cette mémoire collective apportant l’espoir que la vie perdure.
Flâner à Saint-Pierre
Je ne suis pas le seul à marcher dans les ruelles pavées aux marches inégales, à caresser les murs de pierre noircis portant les stigmates d’un épisode douloureux…
Le théâtre jouxte l’ancienne prison où un certain Cyparis fut épargné, enfermé dans un cachot aux murs épais.
Assis sur ce muret, je ferme les yeux.
J’entends le bèlè qui se joue sous le marché couvert entrainant les couples dans une danse engagée et sensuelle, tandis qu’un orchestre se prépare devant les yeux attentifs des touristes et des péléens à une soirée haute en couleur.
Pour narguer le sort funeste du siècle dernier…
Didier a écrit pour familyevasion 😉