Le bèlè entre « rites et danse »… ?

Laurie Joseph-Rose, secrétaire de l’association MI LAVI, nous livre sa réflexion pour une pratique qu’elle affectionne : le bèlè. Après avoir passé quelques années dans l’hexagone, à son retour sur le territoire, le son d’un tambour l’a interpellé : elle s’est alors promis de s’approprier la « culture bèlè ». Manifestation bele

Elle défend avec Y. Rotin (Président), et L. Altius (Trésorier), des valeurs fortes telles que la promotion de la culture afro-caribéenne par le biais d’activités diverses : l’art, le sport, la nutrition…

« Différents bèlès » sont dansés, nous en aborderons que les principes généraux laissant aux sites spécialistes leur entière expertise.

L’origine fait la force du kalennda-bèlè

Recherches ethnographiques bele

Danse profane des esclaves, ayant subi le joug sectaire de la culture européenne.

Moments d’assemblées et d’échanges où se retrouvait la communauté opprimée pour construire leur nouvelle identité et organiser également la résistance contre les colons.

Des îles de Loos de Guinée-Conakry, la kalennda-bèlè en a gardé quelques empreintes telles le mouvement, la gestuelle, les postures…

D’ailleurs, Laurie me confirme, lors d’une visite dans ce pays, la similitude de rythme et de pas était flagrante pour tous les participants.

Une manière de vivre ?

o Bien au-delà d’une danse, il s’agit d’exprimer une façon de vivre « mannyé viv » basée sur le respect de l’environnement, des signes naturels et spirituels qui nous entourent.

Danse bele

o Le bèlè, me confie la danseuse, n’est pas une danse folklorique. Car l’essence est ancrée dans la manière de vivre qui veut se rapprocher du savoir-faire et être ainsi ancestral.

o D’ailleurs, les valeurs du bèlè ciblent le respect de son environnement naturel, le respect des Anciens (les « maîtres » du bèlè) et la solidarité. Celle-ci se voit dans l’entraide et la disposition à aider l’autre, que ce soit dans l’apprentissage de la danse ou dans la vie.

« Etre universel c’est être soi »

Danse bele

Par le mouvement cadencé, on se laisse emporter par l’énergie véhiculée par l’ensemble du groupe : chanteur et répondeurs, ti-bwa (deux branchettes d’arbres type goyavier), tambours, danseurs.

La ronde donne lieu à une communion, voire une transe, une union avec l’« au-delà »

La recherche de l’identité est l’élément central de notre communauté. Le bèlè fait partie de notre histoire avec l’idée de transmettre ce formidable ‘langage du corps’.

Les pas du bèlè

Des pas spécifiques (kabèl, balansé, nika, jes chapé…) s’expriment au gré des participants. Ils sont différents selon les communes (Sainte-Marie, Basse-Pointe, Anses d’Arlet…).

Pour les « confirmés » le Tambour (l’âme de la danse) suit le danseur qui selon un code, trouvera un rythme sensuel ou plus énergique.

Tanbouyer

En général,  8 danseurs se font face à face (couples alternés). Ils se répondent par un langage corporel (séduction, mais aussi provocation ou séparation). Un dialogue s’installe alors entre le tambour et les danseurs.

Le « solo », la Kalenda est également possible, pour un confirmé qui juge que la rythmique le permet. Le chanteur, lui, improvise.

Profil danse bele

Un habit traditionnel pour le bèlè

Coton

Jupon, jupe et un carré pour serrer les hanches des femmes. La danse s’effectue pieds-nus, ancrés dans le sol, pour le Grand-bèlè où une position basse et « pliée » est requise, sur un « 3-temps ». Les anciens alors, de façon informelle, repèrent les confirmés pour les encourager.

Image bele

 

Un langage, un mouvement, une union… une musique, des sons, une percussion… une recherche d’identité, une transmission font du bèlè une valeur patrimoniale de la Martinique.

Assurément.

 

Propos recueillis auprès de Laurie Joseph-Rose (jeune danseuse de bèlè).